jeudi 30 avril 2015

SSC 6/1 - Kwiti moko ya grave !


La gueule de bois

Evidemment, rien ne s'est passé comme prévu. Rien n'est arrivé de ce qui devait arriver. A force d'attendre, attendre, attendre… mes pralines offensives (fourrées au poil à gratter, au fluide glacial ou à la bile de crocodile, au tangawisi, au pili-pili, à la bave de crapaud ou au jus de limace, à la boule puante ou à la gélignite), empestant la chair en décomposition et censées devoir exploser à la gueule des « méchants » sont devenues toutes molles et se sont désactivées. 
Je n'ai pas pu les distribuer comme prévu. Et mes pralines ridiculisantes, dégoulinantes de vérités bien salissantes et impossibles ensuite à dissimuler, n'ont pas explosé à la gueule des crapuleux et de leurs commanditaires. 
Seule La Malibran, soprano du barreau et diva de la Châtellenie d'Awel, a pu être atteinte. Et ces pralines infamantes et déshonorantes m'ont fondu dans les doigts.

- Bomba Bomba ? 
- Mabe!

J'ai dû alors changer de siècle et de continent. J'ai quitté précipitamment la châtellenie d'Awel et me suis réfugié en catastrophe à Djaba, dans la République d'Awoyo d'où je disposais d'une vue privilégiée sur la République autocratique du Luabango.
Et ma praline est devenue mon roman lui-même : le roman-réalité  comme moyen de combattre le système sorcier, comme arme de lutte contre la crapulerie, le mensonge et la manipulation, l'arbitraire et la barbarie quand tout le reste a échoué.
Mais les différentes séquences de mon buku n'ont jamais pu, ainsi que je l'avais prévu, être distillées goutte à goutte comme prévu, comme une rumeur insidieuse ou un poison lent. Ni être diffusées tous azimuts par vagues successives ou en rafales pétaradantes, dans le but d'obtenir la libération de Mopoie et Bangazegino en couvrant d'opprobre et de ridicule les crapuleux et leurs commanditaires. 
Les séquences de mon roman qui se voulait une « arme de réserve contre la crapulerie » ont fait pschttt. Certaines d'entre elles auraient sans doute pu mettre certaines personnes en danger et je ne pouvais pas prendre le risque de les rendre publiques. J'ai dû me retenir de les diffuser.

- Bomba Bomba ? 
- Mabe!

J'ai été amené ensuite à changer de stratégie et d'écriture. Abandonnant la petite Kimya, à présent guérie, Kangni Alem et Gougoui Kangni. Délaissant, pour un temps, la sauce gluante, liante et adoucissante à base de gombo ou d'adémé dans laquelle j'avais mis mariner ou macérer toutes les séquences de la deuxième série de mon roman. Abandonnant les rêves tapageurs, les élucubrations fanfaresques, les farces grossières et la relation d'événements « personnels » ou « familiaux » censés se dérouler ou se produire un peu partout dans le monde et qui n'intéressaient absolument personne. Délassant pour un temps, mes aventures de hibou à oreilles de chat et m'installant, de plus en plus profondément et de plein pied, en République autocratique du Luabango moins onirique et de moins en moins farceur, de plus en plus incisif et de plus en plus accusateur...

- Bomba Bomba ? 
- Mabe!

J'ai tout tenté. Tout ce je pouvais faire par écrit. Mais rien n'a marché comme prévu. Je n'ai pas pu aider à la libération de Mopoie et de Bangazegino ni démonter le système sorcier dont Mopoie et Bangazegino ont été les victimes et contribuer à son démentèlement. Aucune de mes hypothèses de diffusion ne s'est avérée praticable et j'ai dû les abandonner, les unes après les autres, parce qu'elles risquaient de contrarier ou de compromettre de multiples démarches familiales, politiques, judiciaires ou diplomatiques entamées et poursuivies courageusement, de plusieurs côtés et à différents niveaux pour obtenir la libération "effective" de mes deux personnages principaux
J'ai donc attendu, attendu, attendu le vote, la promulgation et la mise en application de la loi d'amnistie. Pour rien.
J'ai ensuite attendu, attendu, attendu que les noms de Mopoie et de Bangazegino figurent sur une liste de personnes libérables. En vain.

- Bomba Bomba ? 
- Mabe!


Rien ne s'est passé comme prévu.
Et quand, en désespoir de cause, j'ai pris la décision de me jeter dans la gueule des crapuleux pour mieux pouvoir leur crever la panse... De l'intérieur !, voilà que la jambe de mon pantalon s'est prise dans la chaîne de mon vélo de facteur ardennais : des toubibs m'ont interdit de voyager ou me l'ont déconseillé vivement. Et lorsque finalement j'ai pu débarquer dans la ville-province d'Expo (alias Mboki, lokola "Mboka ya ba ndoki"), personne ne m'attendait à l'aéroport. Aucun prélat du Saint-Office, aucun arthropode de l'ex-Service d'action et de Renseignements Militaires ou de l'ex-Agence nationale de Documentation. Les crapuleux ne se sont pas intéressés à moi, ils ont « fait l'indif », m'ont complètement zappé et n'ont même pas ouvert la gueule.
Et pendant tout le temps de mon long séjour dans la ville-province d'Expo, rien ne s'est passé comme prévu. Le Conciliabule central a certes été remanié et la voix de La Malibran dont les dernières prestations, particulièrement lamentables, avaient conduit à une désaffection du public pour l'opéra1, s'est éteinte
- Pour avoir crié trop fort ou s'être efforcée de chanter en dehors de son registre ?
mais le sort de Mopoie et Bangazegino est resté inchangé. De nouveau « mangéristes » ont certes été cooptés par les sorciers en place mais le général*** a été maintenu en fonction et sa capacité de nuisance est demeurée intacte et pourrait même avoir été renforcée. Et Tshaku, le sorcier régalien  chargé de la mobilisation, de la propagande, de l'animation politique et de l'éducation du peuple (et coordinateur stratégique de la pensée unique à l'usage des ensorcelés) et porte-parole du Conciliabule central a été reconduit à son poste en reconnaissance de ses « hauts et innombrables mérites d'homme politique fidèle et aguerri » et continue de s'indigner, de proférer et de stigmatiser.

- Bomba Bomba ? 
- Mabe!

J'ai donc pris la décision de mettre fin à mon roman et de libérer de façon "romanesque" Mopoie et Bangazegino. 
De moi-même. De ma propre initiative. Unilatéralement. Sans consulter personne. Sans demander l'avis des intéressés. Ni celui des familles ou de leurs avocats. Ni celui des crapuleux et de leurs commanditaires
Mais je dois encore, même à présent, me retenir de diffuser en l'état un texte qui ferait la relation des tribulations de Mopoie et Bangazegino, rétablirait la vérité des faits, réhabiliterait les victimes ou saluerait leur libération et mettrait à nu tous les mécanismes du système sorcier en République du Liabango, dénoncerait les crapuleux et démasquerait leurs commanditaires, parce que, même après leur libération… A supposer qu'elle soit effective ! mes personnages ne pourront jamais se sentir définitivement à l'abri des sorciers, des »services » et des crapuleux. Et qu'ils ne seront jamais libres dans une sorcellerie à moins d'entrer eux-mêmes dans le système sorcier.
A moins de détruire ce système !
Et qu'ils ne souhaitent sans doute pas… Et je les comprends ! Courir actuellement le risque de réveiller la bête immonde qui leur a déjà pourri cinq ans de leur existence.

- Bomba Bomba ? 
- Mabe!

A présent, Kimya a de belles petites joues bien rondes et un sourire mutin et devient de plus en plus sympathique. Kangni Alem m'envoie régulièrement des invitations à la rejoindre sur un réseau social... Soki Lindekin, soki Linkedin !, et j'adresse un mail à Gougoui qui,comme d'habitude, n'y répondra pas. 
Tout est bien. Tout finit bien.
Piteusement.
J'ai mis mis un terme à mon roman et je me résous, « fin des fins », à installer « Sorciers, services » et crapuleux » sur internet, dans un blog créé à cet effet. Et à en fourguer différentes séquences à quelques-uns proches. 
Piteusement. 
Avec un an de retard et dans une version autocensurée et soigneusement édulcorée pour qu'on ne puisse pas identifier de façon trop précise les différents protagonistes de mon histoire abracadabrante. 
Piteusement.
Sans autre objectif que de faire savoir à ces quelques-uns proches que même si je suis devenu complètement bimbim (et asocial par la force des choses, ne pouvant plus ni boire et manger avec les gens, ni participer à leurs ébats ou à leur débats), j'aime toujours bien ça, me poiler, sarcasmer, me foutre de la gueule des gens et de la mienne aussi.
Mais, dans son état présent, je crains fort que mon buku-feuilleton n'amuse personne. Pas même pas ma femme mariée et mes fieffés enfants. 

Mon buku n'aura donc probablement servi à rien et ne sera lu par (à peu près) personne. 
Mes projets de roman-réalité ou de roman-action auront fait long feu. 
Et mon tonneau du villageois sera finalement 
- Et ça se termine comme ça, sans même un procès en diffamation ? Sans même que Vié ba Diamba soit attrait en justice pour imputations dommageables ?
- Par qui ? Il aurait fallu que les crapuleux et leurs commanditaires se mouchent ! Ils s'en sont bien gardés !

devenu ce derrière quoi il se cachait : de la lit-té-ra-tu-re.


C'est bien ce que je craignais, le RIIIR n'a jamais libéré personne et la lit-té-ra-tu-re, c'est de la merde. 
J'aurai essayé mais j'ai foiré. 
La lit-té-ra-tu-re, ça ne sert à rien ni à personne. Ne plus RIIIR et ne plus écrire, pourtant, c'est comme arrêter de faire l'amour, on n'y parvient pas tout seul.

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1 La désaffection du public pour l'opéra est principalement le fait de La Malibran (arrogante et imbue de sa personne) et de ses interprétations criardes et grimaçantes. 
Place à présent aux  remueuses de fesses et danseuses de ndombolo porno ! 




Ndlr : Vous êtes perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/










SCC 6/2 - Ndoki ?


Ndoki ? Bolingo kaka !


Ne plus RIIIR ou ne plus écrire, c'est comme arrêter de faire l'amour, on n'y parvient pas tout seul. 

Pour crever, par contre, c'est moins compliqué, on n'a besoin de personne.
Et schtonk dans ton derrière, ma puce ! Nazui yo ! Toi qui a choisi de vivre avec moi alors que tu n'y étais pas obligée. Toi qui a toujours su me surprendre et m'étourdir. Toi qui ne cesse à présent de me gourmander, de me chapitrer, de me critiquer, de me chamailler, de me disputer, de m'engueuler, de me crier dessus et de me faire des remontrances
- Allo coucou, petite chérie ! Hola caracola ! Hola guapa ! C'est encore moi,ton mari préféré !
- D'où reviens-tu encore, Douchka ? As-tu baissé les bras, abandonné la lutte, laissé tomber Mopoie et Bangazegino, quitté ton roman ?
- C'est comme ça que tu salues le retour à la maison de ton mari préféré, petite chérie ? Pourquoi tu me maltraites ainsi ?
- Parce que ça te fait vivre, Douchka ! Et que ça te stimule ! Et que, d'ailleurs, tu es absolument gourmandable, chapitrable, criticable, disputable, chamaillable, engueulable, criable et remontrable, dégradable, épuisable, asseubable, délestable et reprochable! 
- C'est l'âge, non ? Pas ma faute, Mwana Danzé, si j'ai des bugs !
- Non peut-être ! T'as épousé une jeune, faut suivre ! Prends tes médicaments ! Et si t'es pas content, t'as qu'à rejoindre Diderot et Jipéji chez les Van Oo, ils n'attendent plus que toi ! Monik Dierckx, la mère de toutes les pralines, les a invités à bien t'accueillir ! Sois prêt ! Ils vont te faire la fête et tu vas les sentir ! Et n'oublie pas de boire un litre d'eau par jour et de te couper les poils du nez !

de m'enlever des grades, de m'épuiser, de m'asseuber, de me délester et de me reprocher sans cesse de vieillir et d'avoir perdu plus de la moitié de ma tête, de mes dents, de mon ouïe, de mon goût, de mon odorat, de ma vue, de mon humour et d'être devenu complètement chiant. Toi qui croit pouvoir me corrompre en m'achetant, pour fêter la Journée internationale des toilettes, un couple de maatjes, bien frais de chez bien frais, en provenance directe de la Vlaamse Kust, une joyeuse crotte ou un bel étron de fromage de chèvre du Poitou-Charentes, des bocaux d'oignons doux au vinaigre et de cornichons extra fins, un gros pot de mousseline de pommes et un double steak de potamochère ardennais d'origine inconnue. Toi que j'aime un peu...
- Ou pas du tout, Douchka, ça dépend des jours ! 
beaucoup, passionnément, à la folie…
- Ndoki ko ?
- Bolingo kaka !
et pour toujours, même si j'ai déjà fait une bonne partie de mon temps… La meilleure ! La partie la plus marrante ! et que le reste s'annonce un peu plus ennuyeux, oh !




Ndlr : Vous êtes perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/









SSC 6/3 - SOMMAIRE, MANIFESTE ET BILAN (version intégrale)


Ne plus RIIIR ou ne plus écrire, c'est comme...
- Hola querida, que te pasa ?
Ne bouge plus, Douchka ! Viens ! N'avance plus ! Tais-toi ! Accélère ! Reste où tu es ! Retiens-toi ! Recule ! Fais ce que je te dis ! Approche ! Arrête ! Sors ! Rentre ! Reviens ! Laisse-toi aller ! Caresse-moi ! Reprends-toi ! Démarre ! Vas-y ! Lâche-toi ! Criiiie ! Stop ! Stooop !
arrêter de faire l'amour, on n'y parvient pas tout seul

Si bien que, parvenu au terme de mon histoire, je ne puis me retenir d’écrire et d’annoncer l’avenir… et de me représenter la suite des événements en musique et en couleurs… et de raconter joyeusement comment…

Le peuple du Luabongo, enfin libéré, enfin venu à bout d’un système qui l’opprime et le contraint depuis si longtemps, a été pris d’un RIIIR triomphal, jubilatoire, magique et dévoreur, emportant tout sur son passage : les sorciers, les « services » et les crapuleux !


(nouvelle, manifeste littéraire
et sommaire d’un buku en voie d’installation sur le Net[i])

Vié ba Diamba
Kinshasa, le 13 avril 2015 (version intégrale)



Le pitch :

Cette supposée nouvelle racontant les aventures et mésaventures d’un supposé roman est, en fait, le « sommaire » dudit roman, tout à la fois manifeste et bilan…  et une invitation à se transporter à l’intérieur d’un projet littéraire encore inabouti, à suivre le cheminement vers une issue toujours incertaine d’un buku intitulé « Sorciers, services et crapuleux », à découvrir en six ou sept clics comment le terroriste à la praline de la Châtellenie d’Awel, le poseur de questions ou de bombes de première nécessité ou le franc-tireur à la catapulte des maquis de l’Awoyo, remis aux normes éditoriales et réduit à la condition d’écrivain usuel, s’est trouvé obligé de reprendre les commandes de son roman et de provoquer la libération de ses « héros positifs », emprisonnés depuis des années à l’Université de Makala en République autocratique du Luabongo et comment tout ça n’aura, sans doute, servi à rien. Sauf si et jusqu’au jour où…

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I. Une fête troublée par un attentat à la praline perpétré dans un hôtel particulier de la Châtellenie d’Awel
(à propos des séquences de la série 1 de mon buku)

Je me suis laissé embringuer dans une histoire qui souvent me dépasse, dont l'ampleur parfois m'effraie et dont je n'arrive toujours pas à me dépêtrer. 
De quoi s’agit-il ?
Au départ, rien d’autre que d’une aventure de hibou à oreilles de chat, une saynète de concert-party (du genre de celles qu’on jouait chez les Popos, dans les rues et les bars des villes de la côte, d’Accra à Porto-Novo, avec en vedette Azé Kokovina, le visage peint tout en blanc), un incident que je rapportais au premier chapitre d’un roman qui se voulait onirique, gouailleur, burlesque et extravagant, rien d’autre qu’un stupide « accident domestique » qui se serait produit lors d’une prétendue fête d’anniversaire ou de bonana prétendument organisée par une prétendue cantatrice dans un prétendu hôtel particulier d'une prétendue châtellenie d'Awel.
Mais, en réalité, derrière un simple fait divers apparemment déjanté
- Associer, dans une même histoire, une cantatrice à grande visibilité, aimant se faire entendre à l’étranger et bien connue des téléspectateurs, et un prélat du Saint-Office, agissant dans l’ombre et cultivant le secret, c’est complètement loufoque, Vié ba Diamba ! Ça embrouille, ça risque de décourager d’emblée les lecteurs …
- C’est une aventure de hibou à oreilles de chat, oh ! Il faut comprendre entre les lignes ! Un niawu ne peut pas toujours être appelé un chat ! Le but n’est pas d’embrouiller les gens… mais plutôt d’égarer  les « services » ! Pour des raisons de sécurité ! Mbwakela, ko ! Il faut tout à la fois se garder des uns et se faire comprendre des autres ! C’est une question d’ingrédients et de dosage ! Et ce n’est pas toujours facile !
se cachait un complot terroriste de grande ampleur consistant à couvrir d’opprobre et de ridicule les sorciers, les « services » et les crapuleux du Luabongo directement impliqués dans le maintien en détention de Mopoie et de Bangazegino, deux prisonniers politiques, deux « héros positifs », deux irréductibles résistants à l’arbitraire qui… Parce que leurs propos avaient irrité la Haute Hiérarchie ? Parce qu’ils avaient mis en cause le Sorcier en chef lui-même ? Parce qu’ils avaient critiqué l’Autorité Morale (dont tous les tenanciers de pouvoir sorcier doivent impérativement « épouser la vision »)?,  avaient été poursuivis par les « services », enlevés et arrêtés illégalement, maltraités et torturés par des crapuleux et leurs instrumentistes, des jours durant. Et qui avaient ensuite été jetés aux oubliettes à l’Université de Makala en exécution de « lettres de cachet » (lesquelles avaient, depuis lors, sans cesse été renouvelées par des juges obéissant à des ordres militaires). Et qui s’y trouvaient encore emprisonnés aujourd’hui.
Les « personnages détestables » visés par ce complot étaient les responsables directs  des persécutions dont mes deux amis faisaient l’objet : La Malibran, surnommée Cibanda par certains, une « cantatrice bien connue de la Châtellenie d’Awel », une soprano du barreau qui imposait sa voix à toute la sorcellerie et  le général*** dont je tais le nom… Pour l’instant !, un crapuleux avéré, un « prélat inquisiteur du Saint-Office » qui poursuivait Mopoie et Bangazegino d'une haine féroce, rageuse et personnelle, croissant à proportion de leur résistance, de leur courage et de leur détermination.
Mon objectif était de couvrir ces détestables personnages d’opprobre et de ridicule en les barbouillant de poto-poto et en les bombardant de cacas Molotov et autres pralines offensives, fourrées au tangawisi, au pili-pili, à la peinture hydrophobe, à la bave de crapaud et au jus de limace, à la boule puante et à la gélignite.

(cliquez sur : http://ssc-01.blogspot.be/)

Mais l’affaire a été mal goupillée et rien ne s'est passé comme prévu.
Seule La Malibran, diva de la Châtellenie d'Awel et soprano du barreau, a effectivement pu être ciblée et atteinte. Et j’ai dû disparaître rapidement pour échapper à la folie furieuse d’une cantatrice blessée dans son orgueil  qui crachait un  feu d'enfer et cherchait rageusement des « capables-donc-coupables » à punir ou des proies à dévorer.
Et je me suis retrouvé alors coincé dans une armoire où, à force d'attendre et de tergiverser, mes pralines infamantes et déshonorantes sont devenues toutes molles, se sont désactivées et m'ont fondu dans les doigts.
Bref, on attend toujours de RIIIR ! Comment allais-je m’en sortir ?

II.  Depuis les maquis de l’Awoyo, avec une vue privilégiée sur la République autocratique du Luabongo
(à propos des séquences de la série 2 de mon buku)

Comment je me suis tiré d’affaire ? J’ai fait appel aux talents secrets de l’armoire dans laquelle je m’étais caché à la fin de la première série  de mon buku, j’ai changé de siècle et de continent, la Châtellenie d’Awel est devenue la République autocratique du Luabongo, La Malibran s’est désormais produite directement au Luabongo où sa voix s’est fait entendre dans cercles les plus sécuritaires du pouvoir sorcier (au sein du Grand Conciliabule lui-même, où elle pratiquait son art en collaboration étroite avec les « services » dépendant de la Haute Hiérarchie et sous leur surveillance étroite et permanente) et j’ai trouvé refuge dans les maquis de l'Awoyo, à Djaba, chez les Popos, au pays de mon beau-père adoptif, Gougoui Kangni, d'où je disposais d'une vue privilégiée sur le pays de Patrice-Emery Lumumba.
C’est alors que ma praline est devenue mon roman lui-même : le roman comme moyen de combattre le système sorcier, le roman comme arme de lutte contre la crapulerie, le mensonge et la manipulation, l'arbitraire et la barbarie quand tout le reste a échoué.

J’y ai passé de très longs mois à Djaba.
J’y ai mis au point ma nouvelle façon de romancer
- Des séries de séquences autonomes baignant dans une sauce gluante à base de gombo ou d'adémé…
- C’était particulièrement épicé, ça ? Sens interdit, Vié ? Zone rouge ?
- Naaan, la sauce était liante et adoucissante… Même si j’y ajoutais parfois quelques piments adjoema, pour décourager les Yovos et quelques autres maraudeurs… Eheeh!
qualifiée de « tonneau du villageois » par mon ami Kangni Alem, l’écrivain dont la constitution physique et le RIIIR goguenard, jubilatoire et guerrier me fait immanquablement penser à un autre vieux copain, Sombo Dibele Awanan.
J’y ai également concocté une formule de diffusion un peu particulière : diffusion  par e-mails successifs, au fur et à mesure de leur rédaction, de chacune des séquences de mon buku avec renvois  réguliers à une série de blogs préalablement postés et régulièrement mis à jour et, particulièrement, à un « glossaire illustré ». Cette formule de diffusion devait me permettre, croyais-je encore à l’époque,  de répondre à un certain nombre d’objections, telles que :
- les livres, au Luabongo, ça vient surtout de l’étranger et leur contenu est souvent suspect ou pour le moins « irrelevant » ;
- les livres, au Luabongo, ça n’est pas accessible à grand monde, ça coûte très cher et la plupart des gens s’informent, s’instruisent et communiquent autrement : par la radio ou la TV, via les rumeurs des marchés, des « trottoirs » ou des « transports », les Balobi et les Tuba-Tuba ou encore par les journaux étalés sur les trottoirs et, à présent, de plus en plus, par les SMS et les réseaux sociaux, si bien que beaucoup d’entre eux ont perdu l’habitude de bouquiner;
- une publication, ça met du temps à se mettre en route et ça ne permet pas d’agir sur les événements au moment même où ils se produisent, de diffuser des écrits « just in time » ou « à flux tendu », comme on disait à la Solvay Bruzouts School of Economics and Management;
- un écrit ça doit aussi pouvoir s’inscrire dans l’espace (les clouds ?) et la durée, demeurer, rester accessible et s’entretenir (se corriger, se mettre à jour), se transformer ou se détruire, disparaître ou se planquer au fin fond d’un disque dur (comme la maladie de Chagas ?) pour des raisons de sécurité, puis subitement refaire surface et retrouver de l’énergie et devenir même extrêmement virulent lorsqu’une épidémie d’idées nouvelles est devenue nécessaire à la désinhibition ou à la réactivation d’une population anesthésiée, plongée en léthargie ou prise en otage par un système sorcier qui l’exploite, l’affame, l’aliène, le « terrorise » ou  la « paternalise », se répartir dans le temps et se retransmettre, garder la mémoire des Vieux et fabriquer des Petits de la nouvelle génération, s’ouvrir et se découvrir  par couches successives comme une poupée gigogne ;
- et, enfin, la diffusion d’écrits en recourant à un système d’édition traditionnel me rendrait  tributaire du Tout-Puissant Marché et ne permettrait pas de choisir mes cibles, de frapper les gens que je veux, avec les mots que je veux et où je veux, là même où ils se cachent…

A Djaba, dans l’attente impatiente de la libération, toujours reportée, de mes « héros positifs » Mopoie et Bangazegino, j’ai occupé mon temps à combattre un certain nombre de migraines, réputations  toutes faites, jugements préconçus et allergies chroniques, à m’exercer au tir à la catapulte… Schlag ! Schtonk !, et à tenter de répondre avec verdeur et gaillardise… Mbata ! Likofi ! Double Patte ! Bolite ! Kamon !,  à différentes  questions de première nécessité qui me prenaient la tête:
1. Une sorcellerie, c’est quoi ?
2. Les sorciers sont-ils bons ou mauvais ?
3. Qui est l’autre Rimbaud ? Un trafiquant d’armes et escroc, importateur d’un stock de vieux fusils liégeois, complètement pourris, proposés à la revente en Abyssinie comme  bilokoss ou « occasions d'Europe » ? Un commis de comptoir colonial ou commerçant de traite à Aden ? Un « mundele madesu » et chicoteur à Harrar (reprochant à un magasinier de lui avoir « manqué de respect ») ? Un ancien mercenaire de la Koninklijk Nederlands-Indisch Leger envoyé à la conquête de  Kota Radja à la pointe nord de l’île de Sumatra ? Parmi tous les étonnants voyageurs venus d’Europe ou d’Amérique,  Vicki Baum à Bali serait-elle « moins pire » qu’Arthur Rimbaud au royaume d’Aceh ? Serait-elle moins dommageable  que l’« autre » Rimbaud… celui-là même qui avait fui l’Europe des vieux parapets, comme beaucoup d’autres jeunes Bulankos avides et désargentés du XIXème siècle, ventriers et magouilleurs, enpestant l'aïl et l'oignon,  partis « explorer » ou « découvrir » le monde afin d’y faire fortune, rapidement et par tous les moyens ?
- Rimbaud ne disait-il pas que : « La vraie vie est ailleurs ! », Vié ba Diamba ?
- Quel ailleurs? Celui qu’on peut s’imaginer dans le haschisch, l'opium et l’absinthe ? Ou celui qu’on trouve sous les tropiques ou dans les mers du Sud : en Asie, en Afrique, en Océanie et en Amérique latine ? Parmi des « indigènes peinturlurés » qui « ne s’habillent pas pareil, pensent autrement et mangent différemment »?
- C’était pour une « noble cause », non ? Pour la science, la croissance ou le progrès, non ?  Pour la découverte de la beauté du monde tel que créé par Dieu pour le bonheur de hommes de tous les continents ?
- Ouais, pour s’approprier des animaux dits «  sauvages » et des œuvres dites « à l’abandon »  et les installer dans des zoos ou des musées des grandes capitales coloniales !  Pour s’emparer de nouveaux sons et de nouvelles formes susceptibles de régénérer des beaux-arts ramollis et flagadas, se regardant le nombril ou courant derrière leur queue! Pour installer dans de délicieux alcôves ou appartements de beaux métis ou des Vénus noires capables de réveiller la libido paresseuse ou défaillante des dandys (et qu’on recrache ensuite, une fois passés de mode, à qui on leur délivre un ordre de quitter le territoire et qu’on renvoie au pays natal… ou, si le marché l’exige, qu’on autorise à louer leur force de travail comme ouvriers d’usine ou employé(e)s de maison, logés dans des caves ou des mansardes), ouais !
- Pour la « mise en valeur » de ressources et de territoires « inexploités », non ? Pour favoriser l’épanouissement des peuples « les plus pauvres » ou « les moins avancés », non? Pour leur permettre d’accéder à  l’économie de marché,  les ouvrir à la modernité et coopérer à leur « développement », comme on dit aujourd’hui, non ?
- Ata yo moko ! On a le droit de bien  se marrer ?
- Pour la plus grande gloire de Dieu, non ? Pour promouvoir les valeurs de la « civilisation occidentale»  et assurer la « propagation de la foi chrétienne », non ?
- On doit-on seulement pleurer ou peut-on devenir enragé ?
- Pour « lutter contre l’esclavagisme », non ?
- Ouais, bien sûr, pour lutter contre les différents maux (les mouvements de résistance populaire, l’esclavagisme,  la trypanosomiase) qui ravageaient les troupeaux humains et risquaient de porter atteinte aux intérêts des négriers de Nantes ou de Birmingham devenus planteurs ou exploitants miniers et qui avaient besoin de travailleurs forcés sur place, ouais !
- Pour la patrie, la Reine, l’Empereur ou Roi, non ?
- Pour la chasse au trésor, très certainement ! Pour la rapine, la flibuste et le racket, bien sûr! Pour le pognon, le fric, le flouze ou le lar, absolument !
4. La chose commerciale et financière a-t-elle définitivement supplanté la chose publique ? Le Tout-Puissant Marché considère-t-il les tenanciers du pouvoir sorcier (à savoir la caste… Une clique mafieuse ou « familiale » plutôt qu’une véritable classe sociale !, de prétendus «  bourgeois » prétendument « nationaux » qui se sont appropriés actuellement la chose publique au Luabongo) comme une « bande de péquenots rapaces et sans ambitions, de villageois âpres et ringards, de minables dealers de banlieue » ? Mais le peuple du Luabongo, pour seulement survivre, ne doit-il pas lutter sur tous les fronts : non seulement contre le système sorcier mais aussi contre le Tout-Puissant Marché ?
5. Pourquoi ma femme mariée (alias Mwana Danzé, alias Motema Magique) est-elle la personne la plus rare au monde ? (parce je n'existe qu'en un seul exemplaire, ducon !)  Et pourquoi m'en veut-elle de ne jamais lui avoir écrit « Fantasia chez les ploucs » ? (c'était plutôt "Aux urnes les ploucs" qui nous avait bien fait marrer, m’gamin !)
6. 1. Quelle pensée politique les gourous et philosophes-conseils Xénophon, Aristote, Nicolas Machiavel, Thomas Hobbes, Algernon Sidney,  Baruch Spinola, John Locke, Montesquieu, Voltaire, Denis Diderot, Jef Van Bilsen ou Thomas Piketty (… et même les « dieux descendus sur la terre » : le Bouddha,  Jésus de Nazareth ou le Nelson Mandela « vieux sage de l’Afrique »  d’après la fin du régime d’apartheid ?) ont-ils en commun ? Quel message politique ont-ils entrepris de faire passer aux autocrates de tous les temps, de toutes les sorcelleries et de tous les continents ? Ne leur faisaient-ils pas comprendre qu’il faut parfois « lâcher du lest » ou donner du grain aux poules lorsqu’elles se mutinent ? Ne les invitaient-ils pas, pour faire baisser la tension, à augmenter  le nombre de compétiteurs admis à prendre place devant une auge bien remplie et à se rassasier de la chose publique ? Ne leur suggéraient-ils pas de créer de nouvelles prébendes, de nouvelles « provinces » et de nouveaux postes à pourvoir et d’ouvrir plus largement l'accès à la mangeoire publique à de nouvelles catégories d’acteurs économiques et sociaux ? Et…
- Au peuple, aux travailleurs ?
- Tu veux rire, Vié ba Diamba ? Quel peuple ?
- Les « autres » ! Tous ceux qui ne sont pas hommes ou femmes d’affaires, banquiers d’affaires, avocats d’affaires, secrétaires généraux et autres hauts fonctionnaires de l’administration, administrateurs des « services », officiers généraux de l’armée ou de la police, APCA, PCA, ADG, DG, ADGa, DGa d’établissements publics ou d’entreprises du portefeuille de l’Etat transformées en société anonymes (ainsi l’ex-Onatra, devenue la SCPT et escomptant ainsi être admise au bénéfice d’une assistance financière de la Banque mondiale, dans le cadre du PTM, moyennent la mise en place d’un PPP), recteurs ou professeurs-docteurs, ingénieurs ou architectes en charge de grands travaux, médecins-directeurs de cliniques privées ou directeurs d’établissements d’enseignement à droit d’inscription élevé, rois et grands chefs, bami, mulopwe ou bokulaka,  ministres du culte, évêques ou archevêques, bishops, apôtres,
 pasteurs de père en fils, représentants légaux, « autorités morales » ou « présidents-fondateurs » d’églises, de clubs de football  ou de partis politiques...sans oublier, évidemment, les prophètes et bienfaiteurs de la population souffrante (de quoi souffre le peuple ? de la diarrhée, de la blennoragie, de l'ulcère de Buruli communément appelé mbasu, de la conjoncture ? un seul remède à ces maux récurrents...
L'huile de serpent ? L'élixir du docteur Doxey ? 
- Meuuunon ! Le Jus Révélé du prophète Khonde Mpolo, fondateur et père spirituel de l'Eglise Libota na Nzambe... un remède qui permet de ne pas recourir à l'excision chirurgicale, à la greffe cutanée ou à des antibiotiques coûteux, eh !)...
- Waooow ! Mais, dis-moi, quel peuple
 encore, Vié ba Diamba? Quels autres aussi ?
- Tous ceux qui ne sont pas des « bourgeois », qui ne se considèrent pas comme des « patrons », qui n’ont pas vocation à devenir des « moprezo », des « excellences » ou des « honorables » et qui ne se font pas passer pour de « bons Samaritains » se portant au secours de « personnes marginalisées » et n’annoncent  pas, par voie de  presse, avoir « défié le mauvais état de la route à Malueka » et avoir « partagé des moments émouvants», au quartier Don Bosco, avec un dénommé Nestor qui «passe  la nuit à la belle étoile » et qui « malgré son état physique exerce son métier de cordonnier pour subvenir à ses quelques besoins » et ne font pas non plus savoir aux lecteurs d’un grand quotidien qu’ils ont  remis à Nestor et à quelques autres personnes handicapées un lot de « produits de première nécessité comprenant du savon, du lait, des biscuits vitaminés, du sucre et du détergent » ! Les autres, quoi ! Tous les autres !
- Tu rigoles ? Ozokosa batu ! 
6.2. Et quel mérite reconnaitre à ces « féticheurs de la cour » (John Locke, Montesquieu, Voltaire, Denis Diderot, Jef Van Bilsen, etc…) qui ont  toujours su où allaient leurs intérêts et qui se sont portés au secours de systèmes sorciers en capilotade ou en perdition (les tyrannies, les monarchies absolues, l’esclavagisme, le colonialisme, le capitalisme ou le néo-libéralisme, les nouvelles bourgeoisies « compradores » autoproclamées « nationales ») auxquels ces  consultants et experts de haut niveau  appartenaient en profondeur, dont ils tiraient le plus grand profit et qu’ils n’envisageaient certainement pas de détruire mais dont ils tentaient plutôt d'assurer la survie moyennant quelques accommodations ?
7.  Que font deux rapaces qui se disputent rageusement les derniers mètres d’intestins grêle d'une charogne et qui se retrouvent bec à bec, fara-fara, les griffes sorties,  les ailes en bataille, les yeux exorbités ?
8. Un peuple a-t-il sa place dans une sorcellerie ?
- Quel peuple ? Tu veux rire, Vié ba Diamba ?
- Le peuple des gens qui travaillent ou qui doivent se démerder et vivent au taux du jour ! Ceux qui ne tirent, en général, aucun profit du système sorcier ! Tous les autres, quoi !
- Mais quels autres alors ? Qui donc ?
- Les agents de l’Etat et fonctionnaires, agents, techniciens et ouvriers en uniforme de la Snel ou de la Regideso, les cadres moyens, secrétaires, comptables et employés d’hôtels, d’agences de voyage, de banques ou de sociétés
, les informaticiens et les journalistes-quados, les interprètes de films nigérians sur différentes chaînes TV, les speakerines et animatrices de radios, les gérantes ou vendeuses de boutiques et caissières de superettes, les infirmières et les infirmiers, les diacres, les professeurs et les instituteurs dont les maigres salaires sont « complétés » par des contributions obligatoires des parents , les percepteurs-taxateurs, contrôleurs-vérificateurs et commissionnaires en tous genres, les catcheurs et les footballeurs, les installateurs de wifi et placeurs de paraboles, les fossoyeurs et les éboueurs, les nettoyeurs de caniveaux et les vidangeurs de fosses septiques, les agents chargés de la désinsectisation des parcelles résidentielles, les porteurs et bagagistes, les agents de sécurité et les gardiens de parkings, les portiers d’hôpitaux ou de magasins, les « agents de l’ordre »  et les « roulages », les soda et les mbila, les retraités et les démobilisés, les balayeurs masqués des rues asphaltées et des grands boulevards (transformés en autoroutes urbaines)  qu’empruntent les « hôtes de marque » de la Haute Hiérarchie pour se rendre, sous escorte armée, de l’aéroport international à leurs hôtels ou résidences au bord du fleuve, les cuisiniers, lavandiers, nounous et chauffeurs particuliers, les sentinelles ou les capitas-surveillants et les jardiniers (qui n'ont pas le droit d'entrer à l'intérieur de la maison et doivent attendre à la porte), les musiciens, écrivains, cinéastes, peintres, bédéistes et sculpteurs, les photographes, les acteurs de théâtre, les humoristes et les comédiens de séries télévisées, les étudiants et les artistes qui s’interrogent sur l’avenir de leur pays, les médecins sans matériel ni médicaments mais qui soignent quand même avec les « moyens du bord », les chercheurs à petit budget mais qui ne désespèrent jamais, les femmes ingénieurs qui ont conçu et réussi à imposer leur robot-roulage, le pharmacien de Luozi qui, après le Niabète, a mis au point trois autres "alicaments": le Niatension (niakisa tension = baisser la tension artérielle), le Niaprostate et le Bugastrite, les avocats pénalistes et défenseurs des droits de l’homme, les activistes de mouvements citoyens, de la Lucha (Lutte pour le Changement) ou du collectif Filimbi …
- Tika !
- Les petits chefs coutumiers  (chefs de groupement, chefs de terre, chefs de clan, chefs de villages), les débroussailleurs et cantonniers en charge des routes de desserte agricole, les coupeurs de régimes de noix dans les palmeraies, les cueilleuses de thé ou de café dans les plantations et les saigneurs d’hévéas de Tshela ou de Monkoto, les pêcheurs de Moanda, de Kinkole ou de Maluku, de Bikoro, de Kisangani,
de Vitshumbi, de Kalemie ou de Moba, les chasseurs rebaptisés « braconniers » pour contenter une riche clientèle d’écolo-vacanciers et d’excursionnistes des Nations unies (adorateurs de « la nature sans les hommes »  ou aficionados de safaris exotiques ou de corridas tropicales), les tireurs de vin de palme et les distillatrices de lotoko, les cultivatrices et éleveuses de chèvres, de poules ou de canards, les fabricantes de kwanga et de mafuta ya mbila, les pisciculteurs, les apiculteurs et les riziculteurs, les horticulteurs et les pépiniéristes, les maraîchères et les petits exploitants agricoles, planteurs de champs d’arachides, de maïs ou de manioc et de bananeraies familiales, les gardiens de troupeaux de vaches et les pasteurs nomades appelés Mbororo, les fabricants de charbon de bois, les casseurs de pierres (des hommes et, surtout, des femmes … tandis que les enfants s’occupent des « graviers ») dans les carrières de Kinsuka, les orpailleurs-forçats  et creuseurs de galeries dans les carrés miniers, les agriculteurs de la savane et de la forêt dont les champs ont été brûlés par l’acide et dont les étangs et les rivières ont été gravement pollués ou qui ont été dépossédés de leurs terrains de culture par des entreprises en tous genres, les « déplacés internes » qui fuient les conflits fonciers et miniers, les « retournés » de Brazzaville ou de Pointe-Noire…
- Tika, Vié, tu fais chier !
- Sans oublier les garagistes et mécaniciens, les menuisiers, charpentiers, fabricants de meubles, matelassiers, ferronniers,  briquetiers, maçons et aides-maçons, carreleurs, peintres en bâtiment et plafonneurs, ajusteurs, plombiers, électriciens, dépanneurs en informatique, réparateurs de téléphones et de téléviseurs, réparateurs de frigos et de climatiseurs, les ouvriers des entreprises minières, pétrolières, forestières, touristiques ou agro-industrielles, les ouvriers des chantiers navals, des brasseries et des boulangeries, les portefaix des  minoteries, des chambres froides et des dépôts de ciment, les camionneurs conduisant des « dix roues » ou des véhicules à gros pneus appelés «Mandungu», les conducteurs de bulldozers et autres engins de chantier, les pompistes et les taximen, les chauffeurs de bus, les cheminots, les capitaines et matelots d’ITB, de MB, de baleinières, de pousseurs et de barges ou qui sillonnent le fleuve, les lacs et les rivières du Luabongo, le personnel des bacs, les piroguiers à rames ou à moteur, les conducteurs et receveurs de taxibus, les revendeurs de petites coupures auxdits receveurs (qui sont toujours à court de monnaie à remettre à leurs clients), les chargeurs de parkings, les tolekistes et les wewa, les quados-réparateurs de pneus et de chambres à air et les réparateurs de vélos et de chariots, les « poussateurs » ou tireurs de pousse-pousse…
- Tika, ko ! Tu commences à déranger ! Tu vas t’attirer des ennuis !
- Et aussi les cordonniers et les cireurs de chaussures, les couturiers, les coiffeurs, tresseuses, bana vernis et placeurs de faux cils, les guérisseurs et les féticheurs, les « Mokuna » ou les « Mort-Mort », préparateurs spirituels de matchs du football, les commerçants à vélo ou à moto, les batu ya cyber, les batu ya photocopieuse et les batu ya moulin, les vendeurs d’appareils électroménagers au Zando ya munene ou au Marché de la Liberté, les vendeuses de pain, de mikate, de nguba ya mobesu, de viande, de poisson, de farine de manioc, de fruits et de légumes, de souliers et de mapapa, de pantalons, de jeans, de chemisiers et de corsages, de tee-shirts et de chemises neuves ou de tombola bwaka, de maputa et de mayi ya sika (et même de mabaya… que des clientes de couturiers ne sont pas venues retirer), les vendeuses de pagnes de Brazza au marché Magenya du beach Ngobila, les fabricants d’enseignes, de cachets officiels ou privés, de documents d’identité et de visas pour l’un ou l’autre nouveau lola : Dubaï, la Chine, l’Inde, la Turquie  ou l’Afrique du Sud, etc. les vendeurs de makasu, d’aspirines et de racines aphrodisiaques à la sortie des bars, les ligablistes, les tenancières et serveuses de nganda ou de malewa, les serveuses des terrasses de Bandal ou du Boulevard Kimbuta à N’Djili, les vendeurs de journaux et de cartes de téléphone prépayées (et de boissons énergétiques... supposées aphrodisiaques), les tenanciers da cabines (où les clients peuvent laisser leurs portables à la charge), les cambistes-bongolateurs, les réparateurs de billets de banque usagés et les changeurs de  « coupures de la mort » contre des billets neufs ou en bon état, les shayeurs des terrasses, les vendeurs ambulants dans les rues (avec porte-voix chinois),  les bana mayi et les bana pétrole, les « basalaka te » et les « bazangi mosala », tous ceux qui « mangent du chocolat », les chômeurs sans diplôme et diplômés-chômeurs, les femmes kadhafi de Binza Ozone qui s’installent au bord de la route et revendent du carburant au détail, les kuluna reconvertis en katakata installés à la sortie des chambres froides et qui découpent  à la machette les poulets, la viande ou les poissons surgelés, les glaneuses et fabricantes de diata  (fufu de dernière catégorie fait à partir de déchets et d'épluchures de manioc), les revendeurs de « bottes » d’os de poulet récupérés chez des fabricants de « charcuterie » à Kingabwa, les revendeurs d’eau potable (de 300 à 500 francs luabongais le bidon de 25 litres) dans certains quartiers de Ngaba, de Mont-Ngafula ou d’ailleurs et ceux qui mettent leurs toilettes privées à la disposition des commerçants et clients du marché Gambela, les revendeurs de câbles électriques en cuivre de la Snel ou de tuyaux et conduites de la Regideso, les coupeurs de routes et gardiens de « barrières » sans ordre de service ni quittancier, les kidnappeurs, braqueurs et égorgeurs « commandités » par des officiers supérieurs ou généraux, des hommes politiques ou des commerçants, les agents des sous-ciats qui deviennent maquereaux et surveillants de parkings la nuit, les vendeurs de noix de diamba ou de cigarettes « spéciales » déjà roulées, les passeurs d’eau qui portent les gens sur leur dos, les pickpockets et les voleurs à l’arraché (au marché ou en pleine rue, à moto), les contrebandiers de cassitérite de Walikale, les Iveco qui ne fatiguent jamais (certaines d’entre elles ayant déjà commencé à bosser sous le régime de Mobutu), les mingando du quartier Paka-Djuma à Kingabwa, les anciens pensionnaires de la prison de Mbanza-Ngungu, morts de malnutrition, de tuberculose, de mauvais traitements ou d’absence de soins, dont les corps « traînent encore à la morgue depuis l’année dernière » parce que « mbongo ezangi », les citadins dont les maisons ont été englouties par des têtes d’érosion, les creuseurs qui ont été ensevelis par un éboulement ou un glissement de terrain, les mpiakeurs qui doivent s’évader de l’hôpital faute de pouvoir payer les factures de soins médicaux, les babola…
- Là, vraiment, tu exagères, Vié ba Diamba !  Tika kokosa batu ! Mpiaka eza mosala te ! Et mourir en prison non plus,  ce n’est pas un métier ! Et être victime d’une «catastrophe « naturelle » pas davantage !
- Les petites 207 qui doivent effectuer un versement à leurs parents ou leurs tuteurs tous les soirs, les bana matiti dont l’âge varie entre 10 et 15 ans, les enfants à partir de 5  ans qui se collent aux voitures et mendient en slalomant entre les véhicules…
- Mendier et se prostituer ne sont pas des métiers non plus ! Et, de toute manière, le travail des enfants est formellement interdit par la loi ! Et si tu continues à raconter n’importe quoi, on va te retirer l’autorisation d’écrire, Vié ba Diamba ! La littérature n’excuse pas tout ! On pourrait même t’arrêter !

J’y ai donc passé de très longs mois à Djaba et j’y suis devenu un lecteur assidu et contraint de l’ensemble des ouvrages de la bibliothèque-WC et galerie d'art (avec une œuvre unique, représentant Gougoui assis sur un privé et disant ses matines) du gîte rural de Nassogne.  Mes lectures m’ont conduit à mener de nombreuses et fructueuses investigations et je me suis posé ingénument un certain nombre d’autres questions de première nécessité qui ne m’ont même plus fait RIIIR :
 9.  Pourquoi  le général*** a-t-il été  fait général-major par la Haute Hiérarchie alors que le capitaine Francis Blake (dont chacun sait qu'il travaillait également pour les « services », ceux de Sa Majesté la Reine d'Angleterre), n'a jamais été élevé à un grade supérieur ? En récompense de quels  hauts faits crapuleux?
10. Comment le Tout-Puissant Marché envisage-t-il  d’interdire aux paysans (qui ne sont pas une espèce protégée) de pratiquer toutes sortes d’activités économiques, sociales et culturelles sur les terres ancestrales de leurs communautés au motif que celles-ci, considérées comme incontrôlables ou extravagantes, troublent la bonne ordonnance des parcs et des réserves naturelles ou qu’elles risqueraient de compromettre la mise en oeuvre d’importants projets touristiques, d’exploitation forestière, de prospection pétrolière ou d’extraction minière ? Le Tout-Puissant Marché propose-t-il  alors de prendre en charge le renforcement des capacités d’intervention des forces armées et de la police et invite-t-il  les sorciers, les « services » et les crapuleux à contraindre les villageois… Ignares et abrutis ! Fornicateurs, fumeurs de chanvre et buveurs de lotoko !, à utiliser des préservatifs, à planifier leurs naissances et à « développer leur employabilité au service du développement » ? Et sponsorise-t-il  différents programmes visant à faire entrer  les paysans dans la modernité et à  les amener à consommer de la viande de bœuf ou du poulet en boîte de conserve métallique et du vin de palme de synthèse vendu dans des bouteilles capsulées plutôt que de tendre des pièges odieux à de merveilleuses gazelles bondissantes aux cornes en forme de lyre ou de traire, saigner ou abattre des palmiers innocents ?
11. Avec quels mots de réconfort pourrait-on  faire comprendre aux membres d’une famille éplorée que la crémation du cercueil en bois vernis, encaustiqué ou peinturluré de couleurs coruscantes de leur cher défunt (ou défunte) risque de provoquer  un feu  de cheminée ? Et qu’il faudra sans doute le décaper ?
12. A quel endroit précis de son corps commence la queue d’un serpent et à quelle hauteur de son cou  guillotine-t-on une girafe ? Combien faut-il de fourmis magnans pour transporter la dépouille mortelle d'un ver de terre de dix centimètres de long ? Cela dépend-il de la longueur du ver de terre, de la distance à parcourir et de la vitesse du convoi mortuaire ? Pourquoi n’existe-t-il  pas de contes de fée pour animaux du village ou de la ferme ?
13. La science, la religion et l’histoire ne cesseront-elles jamais de nous inspirer ? Martin Luther, théologien des princes et de l'ordre établi et mentor  de Victor Nendaka, n’a-t-il pas en son temps préconisé de pulvériser les « hordes de paysans » entrés en rébellion, de « les étrangler, les saigner, en secret et en public, dès qu’on le peut, comme on doit le faire avec des chiens fous » ? Et Léonard de Vinci, ingénieur en armements (et responsable de la section « Q » : inventeur des obus de mortier à gaz asphyxiants, etc) et agent des « services » de César Borgia, n’a-t-il pas mené à bien des recherches, révolutionnaires pour l’époque, sur le renforcement des poisons, leur expérimentation dans les alcôves et les prisons de la sorcellerie de son employeur et leur utilisation au service des intérêts supérieurs de la Haute Hiérarchie ? Et n’a-t-il conçu un projet, tout aussi novateur, d’empoisonnement de tous les pommiers, pruniers ou orangers plantés le long des routes empruntées par l’ennemi… ou par les immigrés clandestins  échoués sur les pages du Sud  et remontant vers les villes du Nord ? Et Isaac Newton, prophétiseur et alchimiste de renom, n’est-il pas parvenu, bien avant les astrologues de la NASA,  à déterminer la position exacte de l’Enfer : dans les comètes évidemment et non pas, comme d’aucuns le prétendent, dans les bagnes, les carrés miniers et les bidonvilles de la République autocratique du Luabongo?
 14. Les emplois de la Mère Michel et de l’amie de Pierrot (celle qui avait
perdu son chat et celle qui n’avait plus de feu) seront-ils restructurés ? Et ceux de Leuk le lièvre et de Goupil le renard aussi ?  Leurs personnages seront-ils désormais interprétés  par une seule et même personne ? Au lieu de tuer le sapin chaque année, Hans-Christian Andersen, les frères Grimm ou Charles Perrault seront-ils bientôt obligés d’écrire  des contes de Nowele en plastique ? Et Birago Diop et Kama Sywor Kamanda aussi ?  Et Kangni Alem, Sami Tchak, Yoka Lye Mudaba et In Koli Jean Bofane devront-ils se plier  aux exigences du Tout-Puissant Marché d’une littérature à présent mondialisée ? Achille Ngoye, Fiston Nasser Mwamba Mujila et Bibish Mumbu aussi ?
15. Dans le monde entier, des gens cassent-ils du riz pour le revendre moins cher… et s’ouvrir ainsi de nouveaux marchés ?
16.  En sus des écumeurs ou fauteurs de guerres miniers, pétroliers, gaziers, touristiques ou forestiers, une nouvelle variété de prédateurs particulièrement voraces ne risque-t-elle pas d’envahir le Luabongo et d’en ravager les villages, les champs, les savanes, le fleuve, les lacs et les rivières : les chenilles processionnaires et les criquets migrateurs de la mondialisation agro-alimentaire, à savoir non seulement les groupes agro-industriels mais aussi les financiers du Tout-Puissant Marché qui considèrent  les denrées alimentaires de base comme des produits d’investissement pouvant faire l’objet de mouvements spéculatifs  ?
17. Les questions ou les bombes de première nécessité, quand on les chasse ou qu’on leur coupe la tête, reviennent-elles au galop ou repoussent-elles instantanément… et explosent-elles alors dans la gueule des gens ?

(cliquez sur : http://ssc-02.blogspot.be/)

Rien n'est arrivé de ce qui devait arriver et je me suis tapé une sacrée foutue déprime qui a duré près d’un an.
D’une part, les séquences de mon buku qui se voulait une « arme de réserve contre la crapulerie » ont fait pschttt : j'ai dû les censurer et me retenir de les diffuser pour ne pas mettre mes « héros  positifs » et leurs proches en danger.
D’autre part, une loi d’amnistie a bien été votée mais « ils » ont refusé d’en faire application à Mopoie et à Bangazegino.
- Ils ? Qui c’est ?
- Ce sont eux : La Malibran, surnommée « 
Cibanda » par certains (ce qui, d’après Djuna, mon correspondant, signifie « démon » en ichibemba),  le général*** dont je tais toujours le nom… Pour l’instant !, et quelques autres arthropodes particulièrement venimeux de l'ex-Agence nationale de Documentation, réunis dans une conjuration de malfaiteurs !
Par ailleurs, pour des raisons diverses, après y avoir posté quelques premières séquences (moins d’une dizaine sur plus de cent) que j’avais écrites depuis les maquis de l’Awoyo,  je me suis trouvé dans  l’impossibilité technique d’accéder aux textes de nombreuses autres séries déjà  installés sur internet et de les entretenir, reprendre et mettre à jour.
De plus, toutes les notes… Et il y en avait en bas de toutes les pages !, de mon manuscrit  de base ont « disparu » si bien que je n’ai plus été en mesure  d’installer de nouveaux textes sur le Net à moins de  les rendre publics dans l’état dans lequel  ils se sont retrouvés (amputés ou tronqués méchamment).  Ni d’activer le système de diffusion que j’avais précédemment conçu et que j’avais commencé de mettre en place (à savoir, notamment, les renvois à un « glossaire illustré »).
Enfin, le « nettoyage aradjical » de mon kimbalangbalang embogué de toutes parts a entraîné la disparition presque complète de mon réseau d’adresses, ce qui était absolument catastrophique compte tenu de la formule de diffusion que j’avais retenue

Bref, on attend toujours de RIIIR ! Et  le « plancher » du kikoso où je faisais mes ablutions s’est effondré et je me suis retrouvé complètement dans la merde !
Comment  arracher mon roman de ces impasses, l’extraire des fondrières d’une piste défoncée où s’est crashé (et sans doute pété les essieux, cassé les rotules ou broyé les rognons), le dégager du poto-poto dans lesquels il patauge ou s’est embourbé ?
Comment vais-je m’en sortir ?

III. Huit mois au Luabongo… dans les différents  grands-duchés , duchés, comtés, baronnies, villes franches, bourgs autonomes, quartiers et groupements  d’une République résolument autocratique
(à propos des séquences de la série 3 de mon buku)

Comment je me suis tiré d’affaire ? J’ai contourné le troupeau d’hippopotames obèses et puant de la gueule qui me barrait la route. 
J’ai laissé tomber mes rêves tapageurs, les élucubrations fanfaresques, les farces grossières et la relation d'événements « privés » qui  n'intéressaient absolument personne… A tort, évidemment, quoi qu’en pense Djuna, mon excellent partenaire !  Et schtonk dans son derrière ! Les histoires des familles Osbourne, Simpson, Adams, Pfaff, Loiseau, Saxe-Cobourg Gotha (les relations que Léopold Deux entretenait avec les banques et l’EIC… et avec les maîtresses que l’argent des mains coupées, de l’ivoire et du caoutchouc, lui a permis de gaver de grains du meilleur maïs dans chacun de ses poulaillers royaux, à Paris comme à Bruzout, à Biarritz comme à Ostende :  Agustina Otero Iglesias, Émilie André, Céleste Mogador, Cléopâtre-Diane de Mérode, Blanche Delacroix et tant d’autres),  Eve et Adam, Aminda Shatur et Jean-Bedel Mpiana (alias Papa Chéri) et Didi Kinuani (alias le « Fils du Bandundu », l’« Homme sans concurrent », le « Maître de tous les diamantaires » , le « Boss des Boss », l’ « Ami des Super Puissants Américains », l’ « Homme du moment », l’ « Humaniste dans le vrai sens du mot  », le « Bienfaiteur des malades, des éprouvés et des creuseurs » et, par ailleurs fervent supporter de Werrason), Krjemelik et Lubava, Bill Clinton et Monica Lewinsky (dont on m’a rapporté qu’elle aurait, à un certain moment, intégré le staff de Tenke Fungurume… mais je n’ai jamais pu vérifier l’information), Nabilla Benattia et Thomas Vergara, Jésus de Nazareth et Marie-Madeleine, Vié ba Diamba et sa femme mariée, Vieux Ebola et l’épouse de King Kester Emeneya, Kim Kardashian et Kanye West relèvent du domaine public :  elles intéressent tout le monde !  

J’ai néanmoins pris l’option de changer de stratégie et d'écriture, de délaisser pour un temps, les événements apparemment « personnels » et les questions ou les bombes de première nécessité,  les tirs à la catapulte… Schlag !, les aventures de hibou à oreilles de chat de même que la sauce gluante, liante et adoucissante à base de gombo ou d'adémé des maquis de l’Awoyo et d’installer mon roman (devenu de moins en moins onirique et de moins en moins farceur, de plus en plus incisif et de plus en plus accusateur...) profondément et de plein pied, au Luabongo.
J’ai donc pris la décision  de placer la République autocratique du Luabongo en observation, pendant huit mois, d’ouvrir une nouvelle série de séquences de mon roman et d’y rendre compte de façon aussi exacte que possible de l'insupportable, interminable et scandaleuse attente de la libération de Mopoie et de Bangazegino et de l'état général de la sorcellerie et de ses grands-duchés , duchés, comtés, baronnies, villes franches, bourgs autonomes, quartiers et groupements dans lesquels la vie et la mort des gens suivaient leur cours, au taux du jour, tandis que les sorciers, les « services » et les crapuleux continuaient de vaquer à leurs affaires et de se partager les dépouilles de la chose publique.
Et d’y rendre compte aussi de l'incroyable esprit de survie et l'extraordinaire ténacité de la population de la République autocratique du Luabongo, des colères qui l'enflamment, des RIIIR qui la secouent, des solutions qu'elle imagine et des luttes qu'elle ne cesse de mener.
Et des battues aussi (les petits travaux, les débrouilles, les commissions, les cops) que les mpiakeurs organisent chaque jour pour ramener quelque chose à la maison. Et des kilomètres que certains d’entre eux parcourent à pied dans l’espoir de rencontrer quelqu’un, un « bon Samaritain »…
- Nazangi transport…
- Nani wana ?
et de recevoir au moins 2000, 1500 ou 1000 francs luabongais…
- Ngai, Nestor ! Pesa ngai ata 500 ! Salisa nga ! 500 seulement ! Palado…
- Kamata ! Mpiaka eza libandi te !
et des kilomètres qu’ils parcourent encore, au retour, pour revenir à leur palais.

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Mais rien ne s'est passé comme prévu
Les séquences de cette nouvelle série de mon buku, sans notes en bas de page ni renvois mais relativement autosuffisantes, n'ont jamais pu être distillées goutte à goutte comme une rumeur insidieuse ou un poison lent, ni être diffusées tous azimuts par vagues successives ou en rafales pétaradantes, dans le but d'obtenir la libération de Mopoie et de Bangazegino en couvrant d'opprobre et de ridicule les crapuleux et 
- Nini eza réellement sima ya makambo oyo?
leurs commanditaires. Elles risquaient, en effet, de contrarier ou de compromettre de multiples démarches familiales, politiques, judiciaires ou diplomatiques entamées et poursuivies, de plusieurs côtés et à différents niveaux, en vue de la libération de mes « héros positifs ».
Bref, on attend toujours de RIIIR ! Comment vais-je m’en sortir ?

IV. Dans la gueule du crapuleux : le soulèvement populaire, les « Trois Sanglantes » des 19, 20 et 21 janvier… et  la charge du rhinocéros 
(à propos des séquences de la série 4 de mon buku)

Comment je me suis tiré d’affaire ? J’ai décidé de devenir moi-même une praline explosive et de me jeter dans la gueule du crapuleux
- Mais qu’est-ce que tu vas chercher encore, Vié ba Diamba ? Tu veux quoi, fin des fins, on peut savoir ? Olingi nini lisusu ? Qu’on t’arrête ?
- Evidemment !  Qu’on m’arrête et que ça pète ! Et que je puisse enfin « parler littérature » et « art du roman » avec un public intéressé et particulièrement attentif ! Et que je sois invité à commenter mon buku, à en livrer les clefs (mais pas toutes) et à l’interpréter, en long et en large et en travers, devant une commission mixte sécuritaire, un aréopage de flics de tous les « services » ! Et que je puisse rendre publics les noms des « personnages détestables» de mon roman afin de les couvrir d’opprobre et de ridicule !  Tout en refusant, évidemment de livrer les noms de mes « héros positifs » : il y en a tellement !
- Tellement ?
- Mopoie et Bangazegino, certes, mais aussi tous les autres prisonniers politiques ! Ils sont très nombreux, en effet, les hommes  courageux et déterminés du Luabongo qui ont été arrêtés, sous les prétextes les plus futiles et les plus fallacieux ou encore dans le cadre de prétendus « complots » montés de toutes pièces par les scénaristes des « services », pour avoir fait usage de leur liberté et exercé leurs droits : la liberté de pensée, le droit de réfléchir à l’avenir du pays, le droit d’avoir des opinions différentes de celles des sorciers, le droit de les exprimer et de manifester publiquement contre un système sorcier ! Leurs idées dérangeaient et, après avoir été tenus au secret ou torturés dans des cachots inaccessibles à leurs proches et à leurs avocats, ils se sont tous retrouvés à l’Université de Makala, jetés aux oubliettes ! Ils y sont chaque jour de plus en plus nombreux et,  tous, bien résolus à résister à l’arbitraire ! Tous embastillés à l’Université de Makala sauf ceux qui ont disparu et ont été assassinés, ceux dont les corps ont été précipités dans les rapides du fleuve ou qui ont enterrés furtivement, entre 2h et 4h du matin, emballés dans des sacs en plastique et entassés les uns sur les autres, avec les indigents et les mort-nés, au fond d’un charnier du cimetière de Mikonga ou de Fula-Fula, et qui ont été glissés par les « services » parmi les « personnes non-identifiées »

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Mais, de nouveau, rien ne s'est passé comme prévu.
Personne ne m'attendait à la sortie de l’avion en provenance de Djaba et de Mélo, en République d’Awoyo : aucun prélat du Saint-Office, aucun arthropode venimeux de l'ex-Service d'action et de Renseignements Militaires ou de l'ex-Agence nationale de Documentation. Les sorciers, les « services » et les crapuleux ne se sont pas intéressés à moi, ils ont « fait l'indif », m'ont complètement nié et ne m'ont même pas ouvert la gueule. Le Grand Conciliabule a certes été remanié et La Malibran, alias
Cibanda, dont les dernières prestations, particulièrement lamentables, avaient conduit à une désaffection de la part la Haute Hiérarchie et des « services », a sans doute été réduite au silence
- Pour ne pas avoir répondu aux attentes de la population ?
- Ata yo moko, Vié ba Diamba !
- Pour avoir crié trop fort, essayé  de chanter en dehors de son registre ou de sa partition ?
- Tu m’en diras tant ! De toute manière, ne t’inquiète pas pour elle, ces gens-là se tiennent toujours et la diva de la Châtellenie d’Awel  a été rapidement recasée ! Elle pouvait encore servir (contribuer à enrichir les siens et ceux de sa caste) ailleurs !

mais le sort de Mopoie et Bangazegino est resté inchangé. Si les sorciers jouent quelquefois à la chaise musicale et changent de place entre eux, les « services » demeurent. De nouveaux « mangéristes » ont été... Yiba na mayele kaka!,  cooptés par les sorciers en place et on distingue à présent leurs petits yeux porcins qui brillent de plaisir devant une auge bien remplie. La voix de La Malibran a, quant à elle, été remplacée par celle de M'Bwate, un ténor du barreau ayant déjà « servi » sous lerègne de Seskoul et dont on dit qu’il est plus « expérimenté » mais le général*** et Ysengrin dont je continue de taire le nom… Pour l’instant !, sont toujours  en fonction et leur capacité de nuisance est demeurée intacte.

Rien ne s'est passé comme prévu, aussi, parce que le peuple du Luabongo s’est levé. A Matonge et Kasa-Vubu, dans le périmètre compris entre les avenues Kasa-Vubu, Enseignement, Ethiopie, Huileries, Gambela, Victoire et le Boulevard Triomphal. Et aussi dans de nombreux quartiers des différents comtés de la ville-duché d’Expo[ii] (alias Mboki, lokola "Mboka ya ba ndoki"). A Kingabwa, à Lemba, à Matete, à N’Djili et à la place Victoire (où se sont illustrés les bérets noirs qui exécutent toutes les missions officielles ou privées que leur confie le général***), au Mont-Amba, au Mont-Ngafula, au Rond-point Ngaba, à Makala, à Yolo-Ezo et à Mombele, sur Kapela, autour de la 12ème Rue de Limete, du côté de l’avenue Assolongo à Bandalungwa,  à l’UPN, à Delvaux, à l’Ozone et dans de nombreuses autres duchés, villes franches et bourgs autonomes du Luabongo. A Goma, à Kimpese, à Bukavu…
Après ces « Trois Sanglantes » des 19, 20 et 21 janvier et la libération de mes «héros positifs», Mopoie et Bangazegino, n’intervenant toujours pas, je me suis trouvé dans l’obligation de marquer le coup.
Je ne pouvais pas continuer de fermer ma gueule…
D’où cet étouffe-chrétien de quelques 200 pages, intitulé « Huit mois au Luabongo », cette sauce que j’ai balancée d’un seul coup et diffusée  à de nombreux « quelques-uns proches », vers  la mi-février 2015, cette ruade indigeste et parfaitement inopérante, cette bordée dont je veux bien admettre aujourd’hui qu’elle était  aussi facile à esquiver ou à « passer », à l’aide d’une muleta (ou de quelque autre faux-fuyant), qu’un rhinocéros fulminant.

Rien ne s'est déroulé comme prévu, enfin, parce que la diffusion « one shot »
- Raconte-nous, ko ! Où es-tu dans l’exécution de  ton « projet littéraire », Vié ba Diamba ? Ça a donné quoi, au fait, cette toute première fournée ?
- Sans effet !
de plusieurs séries et séquences de mon buku n’a produit aucun résultat tangible. Les sorciers, les « services » et les crapuleux ne se sont pas  manifestés. Personne ne m’a intercepté, embastillé, « soumis à la question » ou invité à donner mon point de vue ou ma version des faits. Personne n’a voulu m’entendre sur PV. Personne n’a souhaité que mes mots lui explosent dans la gueule. J’ai eu quelques « retours » positifs de lecteurs (des Bana Lipopo, Boyomais, Lushois, Gomatraciens ou Bomatraciens et aussi des Nzunzu et Bana Luabongo de France, de Suisse, du Canada, de Suède, d’Allemagne ou de Belgique) mais, à l’exception de plusieurs frères et sœurs résolument complices et sentinelles scrupuleuses de la démocratie, « les autres » ont failli.
Les autres, ce sont les quelques Bulankos sur lesquels je croyais pouvoir compter (au nom des liens de solidarité qui, croyais-je naïvement, unissent dans le monde entier tous les hommes et femmes partisans de la liberté, de l’égalité et de la fraternité) pour rediffuser largement mon texte à l’extérieur du pays et m’aider ainsi à « couvrir d’opprobre et de ridicule » le général*** et ses commanditaires, non seulement au plan national mais aussi au plan international.
Les autres se sont généralement dérobés ou débinés ou m’ont carrément laissé tomber :
- Ce n'est pas simplement une affaire de respect des « droits humains », Vié ba Diamba ! C'est une affaire « très sensible », une affaire « délicate », une « affaire politique » dans laquelle la Haute Hiérarchie elle-même serait impliquée !
- …
- Prends bien garde à toi, Vié ba Diamba ! Sois prudent ! Laisse agir les avocats et les associations de défense des droits de l’homme, après tout c’est leur boulot, non ? Take care, my friend !
- …
- Et puis, es-tu seulement sûr de l'innocence de ces gens-là ?  Il n'y a pas de fumée sans feu...
- …
- Et qui te dit qu’il n’y a pas
une « histoire de femmes », d’église ou de parcelle derrière tout ça ? Ou une question de partage du pouvoir et de ses avantages ? Ou un problème de pognon ou de rétro-commission ? On ne sait jamais, Vié ba Diamba !
- …
- Et d’ailleurs
, ton bazar, c’est un déjà vieux dossier ! Cette affaire n’est plus vraiment d’actualité ! Et la non-libération de prisonniers politiques bénéficiaires de la loi d’amnistie ne constitue pas, à elle seule, un événement susceptible d’intéresser les médias ! Par contre, si tu parvenais à te faire arrêter dans de bonnes conditions, peut-être que…
- …
- Oui mais, franchement, les persécutions dont tes amis ont fait l’objet, ce ne sont que des « broutilles » par rapport à tout ce qui se passe à l’intérieur du Luabongo ! En Ituri, au Nord et au Sud-Kivu
ou au Tanganyika, par exemple ! Ou ailleurs dans le monde et dans l’histoire ! En Syrie, en Irak, en Libye ou au Yémen, au nord du Mali ou en Centrafrique, au Kenya ou au nord du Nigeria ! A Vanuatu, à Fukushima, en Haïti, à Aceh, à New York, à Tchernobyl ou à Hiroshima ! Dans les goulags staliniens et les camps d’extermination nazis ! A Saint-Pierre de Martinique ou à Pompeï,  que sais-je ?
- …
- Et pour le reste, finalement, tes amis ont sans doute été torturés, plusieurs jours durant,  mais ils n’en ont pas gardé de séquelles visibles, que l’on sache ! On exagère toujours ! Et Mopoie et Bangazegino sont emprisonnés depuis des années, peut-être, mais ils sont toujours en vie, non ? Ils ont été jetés aux oubliettes, certes, mais quoi qu’on puisse penser de la légalité de leur arrestation, de leur condamnation et de leur maintien en détention en dépit de la loi d’amnistie, ils n’ont, jusqu’à présent, pas encore été enlevés nuitamment et exécutés en dehors de la ville par les instrumentistes d’un lieutenant-commissaire de district Fievez, d’un commissaire de police Soete,
d’un administrateur de la Sûreté Nendaka, d’un gouverneur Manzikala ou d’un colonel-procureur général près la Cour d’Ordre Militaire-Alamba, non ? Ni même empoisonnés ou agressés au couteau  par des kapos manipulés par les « services » ! Il faut relativiser ! On exagère toujours !
Bref, les autres n’en ont rien à cirer, mon « projet littéraire » les fait chier et m’ont  fait comprendre que je devais me démerder sans eux.

Ne disposant plus de mon carnet d’adresses habituel, lâché par plusieurs supposés « grands amis  du Luabongo », incapable d’atteindre les publics que je ciblais et de provoquer ainsi un processus pouvant conduire la libération de Mopoie et de Bangazegino, je me retrouve donc avec un « projet littéraire » inabouti sur le dos !
Et mon « tonneau du villageois » ou ma caldérade sera finalement devenu ce derrière quoi il ou elle se cachait : de la lit-té-ra-tu-re !
- Comment ça, Vié ba Diamba ? Sept bataillons d’écrits massés aux frontières de la Toile et plusieurs compagnies de mots armés jusqu’aux dents qui commencent à déferler sur le Net, ce n’est pourtant pas discret ! Les « services » auraient dû s’en apercevoir, non ?
- C’est passé inaperçu !
- Et ça se termine comme ça, sans rien ? Sans même un procès en diffamation ? Sans même que Vié ba Diamba soit attrait en justice pour imputations dommageables ou manquement grave à la déontologie des auteurs de romans historiques?
- Même pas ! Il aurait fallu que le général***et La Malibran (ou M'Bwate ou Shabbo ou Ysengrin) 
se mouchent, ils s'en sont bien gardés !
- Aucune réaction ? Pas même une réplique cinglante de Tshaku, le sorcier régalien chargé de la mobilisation, de la propagande et  de l'animation politique et porte-parole du Grand Conciliabule (et exerçant, ès qualités, les fonctions d’éducateur du peuple et de coordinateur stratégique de la pensée-pâtée unique à l'usage des ensorcelés) ? Le nouveau « Buka Lokuta » du Luabongo et son équipe de journalistes-prostitués et d’écrivains-mercenaires n’ont pas encore « déjoué la conspiration » et « dénoncé une main noire qui ne se cache plus et qui s’active à déstabiliser les institutions du Luabongo », accusé Vié ba Diamba d’appartenir à une organisation criminelle internationale et rabattu le caquet à un agitateur de mots et montreur de pancartes et de calicots « en mal de repositionnement littéraire » ?
- Non plus ! J’en suis à me demander si les sorciers, les « services » et les crapuleux sont beaucoup plus subtils que je ne les imaginais…  ou s’ils sont seulement trop cons ? Superbement nié par les flics, j’ai été zappé aussi par cet autre « personnage détestable » qu’est le menteur public au service de l’Etat sorcier, celui qui
trahit et assassine Patrice-Emery Lumumba tous les jours, en cochonne la mémoire et en pervertit la pensée politique... Tshaku, alias "Buka Lokuta", en effet, le sorcier régalien chargé de l’agit-prop, ne m’a même pas accusé d’être « un instructeur militaire préparant une insurrection populaire  pour le compte des Etats-Unis », oh !
Bref, on attend toujours de RIIIR et sans doute vais-je devoir à nouveau  me plier aux injonctions de l’un ou l’autre infâme Boileau (cet écrivain servile, historiographe flagorneur et flic des belles-lettres qui était passé totalement à côté de Saint-Amant, le rimeur crotté…) et remettre encore et encore et encore sur le métier mon ouvrage?
Comment vais-je m’en sortir ?


V. La libération de Mopoie et de Bangazegino
(à propos des séquences de la série 5 de mon buku)

Comment je me suis tiré d’affaire ? J’ai décidé  tout d’abord, mais sans trop de conviction et avec une certaine lassitude, d’essayer de rattraper la sauce, de retrouver ou de réécrire mes notes et mes textes disparus, de reconstituer mon ancien carnet d’adresses et de l’élargir encore davantage, davantage, davantage, davantage et encore davantage, de l’ouvrir à de nombreux nouveaux publics et de repartir à zéro, de relancer sur le net une guérilla littéraire de longue durée. Patiemment. Obstinément. Et ça prendra tout  le temps qu’il faudra. Harceler, picorer, picoter, piquer, percer, trouer, darder, cribler,  larder, banderiller, aiguillonner, éperonner. J’ai décidé de retourner en arrière, de redevenir onirique, gouailleur, burlesque et extravagant, de remettre en service mes aventures de hibou à oreilles de chat, de recommencer à poser des bombes de première nécessité, de reprendre mes tirs à la catapulte… Schtonk !,  et de faire à nouveau mijoter au makala, sur un petit mbabula en fer récupéré, ma sauce gluante, liante et adoucissante, à base de gombo ou d'adémé des maquis de l’Awoyo !
- Fufu ya réemploi, Vié ba Diamba ?
- Teeeeeee ! Il ne s’agit pas de rebrousser chemin mais de relancer très activement toute l’histoire ! De la reprendre depuis le début certes (depuis la fête troublée par un attentat à la praline dans un hôtel particulier de la Châtellenie d’Awel), mais aussi de tenir compte de tous les événements survenus ultérieurement : les « mouvements citoyens », les rappeurs, blogueurs et tweetos qui s’informent, s’expriment, communiquent, se mobilisent et manifestent autrement, les nouvelles arrestations d’opposants et d’activistes de droits de l’homme dont les noms, plus ou moins mal orthographiés, circulent : Sylvain Saluseke, Fred Bauma, Yves Makwambala, Deddy Kishimbi, DieuMerci…

Préoccupé par l’avenir du pays et de ses habitants, conscient de mes responsabilités et comptable du sort de mes enfants, de mes koko et des nombreux amis auxquels je dois énormément et qui n’admettraient pas que je les trahisse ou que je les abandonne, j’ai décidé, en effet, de ne plus jamais tergiverser, de ne plus jamais m’interdire ou me retenir de diffuser les différentes séries et séquences de mon roman dont l’objectif n’a jamais cessé d’être, à travers la relation des tribulations de Mopoie et Bangazegino, de mettre à nu les mécanismes du système sorcier et les menées du Tout-Puissant Marché en République autocratique du Luabongo et dans le reste du monde.  Et aussi, de façon plus particulière, de barbouiller de poto-poto deux personnages particulièrement « exemplaires » en manière d’irrespect des droits de l’homme et de l’Etat de droit : le général*** et La Malibran, alias
Cibanda, qui sont les responsables directs, commanditent ou couvrent de nombreuses et incessantes violations des droits garantis aux particuliers, des enlèvements, des arrestations arbitraires, des actes de torture et des détentions illégales. De les dénoncer, de les démasquer et de les couvrir d’opprobre et de ridicule. Et d’espérer contribuer ainsi à obtenir la relaxe de tous les prisonniers politiques emprisonnés illégalement à l’Université de Makala du fait de ces « personnages détestables » et de leurs semblables ou remplaçants, clones ou continuateurs.
Tous les prisonniers politiques, à savoir non seulement les anciens détenus, les « oubliés » ou les « exclus de l’amnistie », mais aussi les nouveaux captifs et leurs futurs compagnons : matraqués, dispersés et… Beta bango !  Panza bango ! Kanga bango ! Boma bango !, appréhendés ou enlevés et tenus au secret ou même assassinés, par les corps habillés en bleu et en kaki de la police ou de l’armée, les Bana Mura  ou les agents des « services » ayant reçu des sorciers régaliens et légataires en charge de la sécurité (Shabbo et Ysengrin, particulièrement) l’instruction péremptoire de remettre les contestataires à leur place, de faire taire les opinions critiques par tous les moyens  et d’intimider tous ceux qui pourraient être tentés de se lever contre l’arbitraire et l’autocratie et envisageraient de participer à d’autres mouvements et manifestations de mécontentement populaire.
A moins … J’rigooole ?, qu’il ne s’agisse de combler les « vides » laissés dans les cellules des prisons et les différents cachots, plus ou moins clandestins, par les récentes mesures d’amnistie sélective et pallier ainsi le manque à gagner qui en résulterait pour les corps habillés et les matons (et les « comités » de kapos désignés par eux…) dont chacun sait que les uns et les autres rackettent les familles et vivent aux crochets des prisonniers.

Je décide ensuite, avec la plus grande fermeté,  de régler, dès à présent,  le problème de la libération de Mopoie et de Bangazegino,  de redevenir un écrivain normal-normal, de ne plus me laisser porter par les événements, de me remettre aux commandes de mon roman et
 - Vont-ils enfin pouvoir bénéficier de l’amnistie, Vié ba Diamba ? Ou même d’une « grâce » qui leur serait accordée par la Haute Hiérarchie?
- Naaaaan ! Ils ne veulent pas de « faveurs », ils ne réclament rien d’autre que leurs  droits ! Je vais plutôt  faire appel aux talents  de l’armoire à évasions dont je m’étais déjà servi lors de ma  première aventure de hibou à oreilles de chat ! Je vais soustraire mes « héros positifs » à leurs bourreaux ! Par la magie des mots !
de déterminer moi-même la fin de mon histoire et de procéder moi-même à la libération de mes personnages. De ma propre initiative. Unilatéralement et inconditionnellement. Sans consulter personne. Ni mes «héros positifs», ni leurs personnages proches. Sans demander l'avis des intéressés. Ni celui des familles ou de leurs avocats. Ni celui des crapuleux et 

- Nini eza réellement sima ya makambo oyo?
de leurs commanditaires. 
En vertu des pouvoirs que me confère mon statut d’homme libre, égal et solidaire, de juriste indépendant et d’écrivain sans maître ni cachet, je décide donc de ne plus jamais laisser des « services » et des crapuleux continuer de pourrir la vie de mes « héros positifs », de leurs familles, de leurs collègues et de leurs voisins. Tout comme ils avaient dans le temps, sous le régime de Mobutu, pourri la vie de mes amis André N’Kanza Dolumingu, Matala Mukadi Tshiakatumba ou Muepu Muamba … Ce sont les mêmes « services » et les mêmes crapuleries, quelle que soit la configuration sorcière du pouvoir en place ! En matière d’irrespect des droits de l’homme et de violation de l’Etat de droit, les systèmes sorciers se ressemblent tous ! Et je décide donc que Mopoie et Bangazegino, sont  libres... A l'instant même !, comme ils n'ont jamais cessé de l'être dans leur tête et dans leurs gestes, pendant toute la durée de leur emprisonnement à l'Université de Makala, devenue une citadelle d’hommes affranchis et de pensée libérée… si bien que ce lieu de détention célèbre a été rebaptisé par certains « Université Libre de Makala »

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J’exécute donc  sans délai ma décision de libérer Mopoie et Bangazegino et j’accorde une autorisation de sortie temporaire à mon roman. Je lui ouvre ainsi une issue provisoire qui me permettra de reprendre souffle avant de…

VI. Mais si mon roman coince encore (et qu’on attend toujours de RIIIR !)  quelle peut en être la cause et comment vais-je enfin pouvoir  me tirer d’affaire ?

Est-ce la faute de la littérature : La littérature, c’est de la merde ?
Ou est-ce l’histoire qui est en défaut, le scénario ou le casting qui laissent à désirer : N’aurait-il pas fallu viser plus haut, remonter plus loin dans le temps, prendre de la distance, aller plus en profondeur et poser la question de savoir si, à part le Premier Ministre Patrice-Emery Lumumba, le peuple du Luabongo a jamais pu choisir librement, de façon réellement démocratique et transparente, non seulement ses propres dirigeants mais aussi :
A. Son mode de production :
Le peuple du Luabongo, libre de ses choix, aurait-il opté, hier, pour un capitalisme sauvage, prédateur de ses ressources naturelles et tourné vers l’exportation ? Envisagerait-il , aujourd’hui, la construction de nouveaux et monstrueux Inga III, IV ou V(11 barrages et 6 centrales hydro-électriques barrant à terme le fleuve Luabongo ?) qui devraient entraîner le déplacement de plusieurs milliers de communautés ou villages et générerait des dizaines de milliers de MW d’électricité (correspondant, dit-on, à deux fois la production du barrage des Trois Gorges en Chine) destinés à être revendus à des pays voisins ou proches (tels que l’Afrique du Sud) et, au niveau interne, à servir prioritairement à l’exploitation des mines ? Ne privilégierait-il pas plutôt, demain, la construction de multiples barrages de moindre capacité mais répondant directement aux attentes des populations riveraines,  la production d’énergie renouvelables au service d’industries de transformation locales génératrices d’emplois, l’extension des réseaux de distribution d’eau et d’électricité au bénéfice des tous les habitants, non seulement des villes mais aussi des villages, la promotion d’une agriculture sans pesticides, familiale ou de proximité et répondant aux besoins  des gens, le développement des équipements collectifs, la réhabilitation et la construction de bâtiments adéquats et le développement d’infrastructures (routières et ferroviaires, fluviales, lacustres, maritimes, aériennes ou de télécommunication) devant faciliter l’atteinte d’objectifs de santé pour tous, d’alimentation naturelle et équilibrée pour tous, de travail digne et gratifiant pour tous, d’habitat décent pour tous, d’éducation pour tous, de culture et de loisirs pour tous et de promotion de valeurs partagées par tous ?
B. Sa culture, ses valeurs ou ses loisirs :
Ferait-il allégeance à Trace, à  MTV, aux patates frites, aux hamburgers et aux pizzas, aux produits éclaircissants, aux séries américaines et aux émissions de télé-réalité ?
Accepterait-il d’être transformé  en consommateur accro de produits importés et de valeurs fades (aussi insipides et indifférenciées que le poisson, la  viande et le poulet des plateaux-repas servis dans les avions intercontinentaux) et anesthésiantes que le Tout-Puissant Marché véhicule dans le monde entier ? Et en supporteur fanatique d’équipes de football des championnats espagnol, britannique, français ou allemand ? Continuerait-il d’adorer des divinités et d’adhérer à des cultes qui ont été imposés au Luabongo par les conquistadors léopoldiens à des fins de « mobilisation, propagande et animation politique », de façon à pouvoir, à travers des missions-oppidums installées dans tout le pays, encadrer et contrôler les habitants de l’EIC, leur laver le cerveau  et les mettre au service des compagnies à charte, plantations, missions, commerces, mines et ateliers… et de la Force Publique et autres « administrations territoriales » d’occupation et de prédation coloniale, de contraintes fiscales, de cultures obligatoires et de travaux forcés ?
 C.  Ses principes de vie en communauté :
Préconiserait-il la recherche effrénée de l’enrichissement individuel ?
Prônerait-il un « idéal » de « bonne gouvernance » et d’ « amélioration du climat des affaires et des investissements », c'est-à-dire de rendement optimal des capitaux, au profit certes des administrateurs et actionnaires des holdings pétroliers, miniers ou industriels, des fonds de pension et des groupes financiers internationaux, des banques telles que JP Morgan Chase ou Exim Bank et de leurs partenaires locaux,  mais au détriment des intérêts d’une population dont les conditions d’existence ne vont pas s’en trouver améliorées et au préjudice de l’aspiration légitime de cette population à bénéficier de plus de liberté au sein d’une société plus égalitaire et plus « fraternelle » ? Contre l’esprit de lucre qui anime les tenanciers du pouvoir sorcier, le peuple du Luabongo ne chercherait-il pas plutôt à faire prévaloir l’esprit de solidarité et le sens du bien public et de l’intérêt collectif ? Serait-il amené à régler ses désaccords à l’aide d’AK-47 ou de vieux fusils liégeois, complètement pourris, revendus  comme bilokoss ou « occasions d'Europe » ?
D. Sa perception des relations devant prévaloir entre les dirigeants d’un pays et sa propre population, de même qu’avec les autres peuples du monde :
Réellement indépendant, le peuple du Luabongo admettrait-il que ses dirigeants invoquent la  « défense de la souveraineté nationale» pour s’exonérer d’accusations d’atteintes aux droits de l’homme et de pillage des ressources naturelles du pays dénoncés… Parfois à tort mais souvent à raison !, par des observateurs extérieurs ?  Et supporterait-il que ces nouveaux colons contestent systématiquement  tout regard critique porté sur leur gestion de la chose publique et qu’ils adoptent, pour ce faire, le même style de défense que les Buka Lokuta de Léopold Deux lorsque ceux-ci démentaient avec suffisance et dédain les graves accusations portées contre l’EIC par Roger Casement ou Edmund Morel ?
Libre de ses choix et acteur de son destin, le peuple du Luabongo pourrait-il tolérer longtemps que des néo-léopoldiens, des néo-coloniaux ou des néo-mobutistes osent encore se réclamer du  « nationalisme de Lumumba » pour justifier leur repli identitaire (on sait combien les prédateurs et les rapaces défendent âprement leurs prises ou leurs territoires et comment ils se disputent rageusement… Les griffes sorties, la gueule menaçante, les yeux exorbités !,  les intestins des proies qu’ils ont égorgées ou des charognes sur lesquelles ils se sont abattus et dont ils se régalent avec obscénité, fureur et gloutonnerie) et légitimer un déni de toute démocratie, politique, économique, sociale et culturelle, au grand dam des véritables héritiers et perpétuateurs de la pensée politique de Patrice-Emery Lumumba, cet  ancien Premier Ministre dont l’action visait, en priorité, à améliorer la vie quotidienne de l’ensemble de la population du Luabongo et qui, par ailleurs, croyait fermement aux valeurs du panafricanisme et en l’alliance fraternelle de tous les peuples épris de liberté et d’égalité ?

N’aurait-il  pas fallu considérer en effet que, de Léopold Deux à nos jours, les dirigeants du Luabongo dans ses frontières actuelles… La Haute Hiérarchie !, ont toujours été des sorciers, qu’aucun d’entre eux n’a jamais reçu des habitants de ce pays la mission de gérer leurs intérêts collectifs mais qu’ils se sont tous emparés de la chose publique (par conquête coloniale ou coup d’Etat militaire, auto-proclamation, auto-désignation à titre transitoire, installation ou adoubement par des sorcelleries étrangères et le Tout-Puissant Marché, etc.) et qu’ils se sont ensuite attachés à en conserver le contrôle, à  l’aide de « services » et de crapuleux, en recourant à la force armée et à une justice aux ordres, sans consultation populaire ou moyennant l’organisation en fanfare d’ élections bidouillées ou « boutiquées », en tenant des « réunions secrètes », en montant des « Sting Operations » et notamment des  opérations de « Targeted Killing » (par empoisonnement, accident de voiture ou crash aérien, accident vasculaire cérébral ou méningite fulgurante, refus de donner des soins appropriés à des prisonniers politiques ou d’autoriser un transfert médical  à l’étranger, « assassinat crapuleux » imputé à des kuluna ou à un « groupe armé non-identifié ») et autres actions en marge de la loi.
 Mais, si tel est le cas, ne devrais-je pas admettre que les agissements mafieux du genre… Des « broutilles » kaka ?,  de ceux que je reproche à mes deux « personnages détestables »,  le général*** dont je ne tairai plus indéfiniment  le nom !, et La Malibran, surnommée Cibanda par certains, ne sont certainement pas de simples accidents de parcours mais qu’ils sont inhérents à tout système sorcier, lequel est  contraint de les produire pour assurer  sa perpétuation dans toutes ses caractéristiques  autocratiques : opacité des prises de décisions, gestion sécuritaire de la chose publique opérée par des dirigeants autoproclamés ou (mal) « élus » qui s’accrochent au pouvoir qu’ils se sont appropriés et aux privilèges que celui-ci procure et dont le principal objectif est l’enrichissement personnel (le leur et celui des membres de leur caste ou de leur bande mafieuse) et la constitution de clientèles, sans Etat de droit ni contrôle démocratique, sans prise en considération des attentes des paysans, des travailleurs et des chômeurs, sans respect des droits de l’homme ni protection sociale reconnue à la population… parce que « Nzambe akosala » et qu’il revient donc à Dieu (loué soit son Nom ?) d’y pourvoir ?

Comment me tirer d’affaire ?
Mon roman ne trouvera-t-il jamais d’issue définitive et restera-t-il  inachevé aussi longtemps que le système sorcier restera en place ?
- Toujours en activité, Vié ba Diamba ? Comme un volcan ?
- Boye ! Il s'agira donc de le faire tomber !

Et ne faudrait-il pas alors que mon roman fasse sa part du boulot et qu’il contribue non seulement à la neutralisation d’une Malibran ou d’un général*** mais aussi  à la disparition du système sorcier dans son ensemble  et qu’il participe à la démystification du Tout-Puissant Marché (banksters, multinationales et marchés financiers) qui rôde aux alentours des villes et des campagnes, des rivières et des lacs, des forêts et des mines du Luabongo comme un vampire suceur de sang et dispute aux sorciers leur mainmise sur les ressources du pays et sur ses habitants  ?
Alors  seulement  le peuple pourra RIIIR et faire la fête !

Comment ça donc ?
Comme ceci :

Tadam tadaaam ! Le peuple du Luabongo s’est libéré et la fête bat son plein ! 
On rit ! On rit ! On rit !
Kiekiekiekie ! Tozoseka ! Tokufi na koseka ! Panzi ekangami biso !  On se marre et on s'esbaudit ! Kiekiekiekie ! On est pris d'un RIIIR fou, extravagant, dévastateur, jubilatoire, inextinguible et contagieux ! Un RIIIR comme ceux de Kangni  Alem et de Sombo Dibele Awanan ! Kiekiekiekie ! Kiekiekiekiekie ! Kiekie ! Un RIIIR comme ceux de mes vieux amis Charlie Huey, Jamal Tahtah et Thérèse Mangot ! Kiekiekie ! Kiekiekiekiekie ! Un RIIIR impétueux et fracassant dont la force soulève les rivières Mokali, Nsanga, N’Djili, Matete, Kalamu, Funa, Basoko, Bitshaku-Tshaku, Ndolo, Makelele, Lukunga et même la Gombe ou la Nsele tandis que des volées de mangues trop mûres et des orages de cacas Molotov s’abattent ou s’écrasent sur les toits des camps soda, des camps police et des lieux de détention et de mise au secret où se pratique la torture et que les agents des « services », les « Bana Mura » et les corps habillés en bleu et en kaki s’égaillent et se mettent à courir dans tous les sens et changent rapidement de vêtements comme s’ils étaient assaillis par des abeilles ou des fourmis magnans et que les alarmes, les sirènes, les filimbi, les gongs, les cornes et les tambours, les guitares, les trompettes, les saxophones et les cloches des villages et des plantations, des magasins, des mines et des usines, des écoles et des universités retentissent de tous côtés ! Kiekiekiekie ! Un orage de liberté, d'égalité et de fraternité !
On s'offre une énorme rigolade ! Kiekiekiekie ! On se paie une terrible cuite de RIIIR sur fond de supu na tolo, de zododo ou d’alcools fruitiers, épicés ou capiteux, tourbi-tourbi-tourbillonnants, amers ou chaleureux, de toutes les couleurs et de tous les continents : colas du singe, paka-paka, jujubes et corossols, pili-pili et adjoema, goyaves et grenades, litchis et « poilus », kiwis et  mangoustans, maracujas et jalapenos, piments d’Espelette et tomates vertes de Valencia ! On se saoule, on se blinde, on se bourre, on se poivre, on se poile, on se gondole, on se boyaute, on se bidonne, on se dilate, on se fend, on s'étouffe, on s'ébouffe, on s'épouffe, on s'esclaffe, on s'époumone ! Kiekiekiekie ! Tosubi na bilamba na koseka ! On se tape le cul par terre de RIIIR ! Comme Robert Muteba Kidiaba, le gardien de but de l’équipe des Léopards ! Comme Mopoie et Bangazegino ! Comme tous les anciens prisonniers politiques de l’Université de Makala aujourd’hui libérés ! On rit à en perdre la raison, à devenir chabraque ou à se réveiller bimbim ! On se pète la rate, la gueule ou la tronche d'un RIIIR triomphal, libératoire, magique et dévoreur ! On glousse, on pisse, on vesse, on pleure, on éjacule ! On tue ! On hurle et on explose ! On meurt ! Le peuple du Luabongo s’est libéré et la fête bat son plein ! Le peuple de Luabongo s’est tiré d’affaire ! Résolument ! Courageusement ! Avec détermination ! ! Tout le monde rit et danse avec nous ! Kiekiekiekiekie ! Tokufi na koseka !

Excepté les sorciers, les « services » et les crapuleux

Ainsi a vécu et vivra toujours
- Sauf si et jusqu’au jour où…mon roman inachevé, d’une mascleta initiale surchargée
(cliquez sur : http://ssc-intro.blogspot.be/2014/11/mabanga.html)
à une seule dédicace finale.
(cliquez sur : 
http://ssc-06.blogspot.be/
)



POST-SCRIPTUM : A propos de la littérature…

Ah oui… J’allais  oublier ! Palado ! Il est plus que temps de justifier le titre de cette nouvelle ou de ce sommaire ou de ce manifeste ou de ce bilan… et de répondre à la première des deux questions que je me posais tout à l’heure, celle de savoir si la littérature c’est de la merde. Eh bien, ma réponse est la suivante : la littérature, effectivement, est « artificieuse » et n’a jamais libéré personne, ni détruit aucun système. Sans doute faut-il abandonner le roman et passer à d’autres formes de lutte, de catch, de libanda ou d’écriture ? Sans doute (et de plus en plus) les gens communiquent-ils, se mobilisent-ils et manifestent-ils autrement et devrais-je apprendre à distiller quelques mots bien saucés et bien piquants, de temps en temps, ici et là, par SMS ou sur les réseaux sociaux que j’ai toujours snobés ?
Mais j’ai encore des doutes : des haïkus de 140 ou 180 caractères seulement, c’est famélique ! C’est la crise, le Fmi, l’austérité, la récession, le régime sans sel ni gras, la paupérisation ! Je vais pouvoir m’y faire, m’y contraindre, tolérer ça ? Finis les ligablos et les étals regorgeant de mots en tous genres et de toutes provenances ? Finis  les plateaux, les brouettes, les malles-cantines, les pousse-pousse,  les dix-roues ou les baleinières chargés de mots qui se cherchent des clients ou qui sont servis « au choix du lecteur » ? Finis les alias, les refrains et les rengaines, les listings et les énumérations,  les tautologies et les pléonasmes, les redondances et les répétitions ? Trêve de pétarades et de feux d’artifice ? Assez d’embouteillages et de bagarres entre mots concurrents ? Assez de mots résolus (et quelquefois chanvrés ?) qui se lancent à l’assaut des sorciers, des « services » et des crapuleux, lesquels sont carrément devenus sourds et analphabètes et … Ata seraient-ils « professeurs d’université » !, ne savent même plus lire entre les lignes ? Adieu les mitraillages et les bombardements de mots, les orgues de Staline et les grenades à fragmentation ? Je vais pouvoir supporter ça ?
Je me tâte et j’ai des doutes… mais l’idée commence à me tenter pourtant ! Pour ne pas devenir ringard ? Pour ne pas être caricaturé comme un écrivain électronique à l’ancienne, tributaire de technologies vieillottes : des mails désuets renvoyant à des blogs obsolètes? Pour « développer mes capacités d’intervention », reprendre l’offensive avec de nouvelles armes, celle qu’utilisent les « djeuns », celles dont se servent les activistes des mouvements citoyens : des SMS ou des BBM, des messages sur Facebook, des tweeds, des notes vocales et des appels à résister et à se lever? Mais il faudrait alors que Leto, Ekisa, Mboyo, Djuna ou Lianja me montrent comment on fait, comment on  lance une plate-forme de partage  et d’alerte ! Ou bien l’un ou l’autre de mes koko : Sukina, Percy, Kako, Tensia, Maëlle, Loïle, Nyssia ! Et même Kimya et, bientôt, Kemi ! Mais ma femme mariée (alias Muka, alias Tantine Betena, alias Anaco, alias Jodi, alias Mèré, alias Merbal, alias Ma tomate verte de Valencia qui rougit à partir du coeur) risque de ne pas vouloir…
- Tika, Vié !  A ton âge, tu ferais mieux de te calmer et d’arrêter d’écrire, non ? Avec ta tête qui a perdu son corps ou ton corps qui a perdu sa tête… On ne sait pas trop !, il ne faut pas  chercher à décrocher un troisième mandat !  Arrête tes salades qui n’aboutissent jamais à aucun résultat concret : t’as même pas été capable de te faire arrêter par les « services » ! Mieux vaut sans doute retourner à la case départ : à la Châtellenie d’Awel ! Une chaire de bonimenteur et de motu ya songi-songi  t’y est réservée, m’a-t-on dit, dans les salons et boudoirs de la Résidence Van Oo, l’Hôtel-Dieu de la Châtellenie ! Tu t’y retrouveras  comme un soso dans une sauce mwamba ou un malangwa dans un liboke, comme une épaule de ngulu(accompagnée de nombreux  autres ingrédients coquins) reposant dans une terrine de Morteruelo, « fagoté comme un lièvre sans os qui dort dans un pasté » écrirait ton copain Saint-Amant, prêt à être dévoré par des bouches délicieuses, charmantes et distinguées ! Tu y retrouveras Jipéji, Diderot et Anne-Antoinette Champion… et toutes les suivantes de cette première dame : Madeleine de Puisieux, Maman Catherine Deux de Russie (portant des chapelets de gousses d’aïl autour du cou), Maman Louise d'Epinay et sa copine Jeanne-Catherine Quinault (appelée Madame de Maux du nom de son mari), Mademoiselle Jodin, Maman Madin, Marguerite Delamarre et Suzanne Simonin…
- Ebele ya basi, oh !
- Et tant d’autres « oude mensen » qui  aimeront que tu leur bonnisses des histoires de hibou à oreilles de chat et que tu leur baises la main et que tu leur bâille des boniments… Elles n’attendent que toi ! Elles sont prêtes à te faire la fête ! Tu pourras leur raconter ta vie ! Elles sont prêtes à se faire lire et à se laisser entendre n’importe quoi ! Même des romans électroniques complètement surannés ! Elles adoreront te critiquer !
- Oui mais alors quoi ? On me chasse de l’écriture ?
- Eh oui ! Prends ta retraite et cherche à t’occuper ! Raconte ta vie à d’autres sourds qui voudront bien t’entendre ! Ou deviens lecteur public comme il existe des écrivains publics : à  la demande des auditeurs ! Tu pourras ainsi, si tu t’y prends bien, être invité à  lire tes propres écrits ! Et rencontrer enfin un autre lectorat ou un autre auditoire : les kokobar de la Châtellenie d’Awel ! Et non plus seulement les Ya Nze et les Ma-Marie, Eboma, Mère Anto, Mivé John, Apolosa, Vieux Henri, Sinatra, Ma-Monique, Molok, Vieux Charles, Masta Zamba, Césarine, Ajevedo, Vieux Roger ou Angwalima et autres anciens bills qui ne relèvent plus les revers de leur veste et sont devenus, avec le temps, membres d’une Amicale/Expo  parfaitement honorable ! Passe la main et laisse donc les « djeuns » mener leurs combats et se servir de leurs armes, ils feront ça bien mieux que toi ! Arrête d’écrire, tu commences à abracadabrer!
- Arrêter d’écrire, c’est facile à dire, oh !
- Ce n’est pas plus difficile que d’arrêter de boire et de fumer ou de suivre un régime sans gras ni sel, non ?
- Ecrire, c’est comme faire la guerre ou s’accoupler, on n’y parvient pas tout seul ! Changer d’écriture aussi, c’est comme changer de position, d’inclinaison où d'angle de pénétration, c’est tout pareil, on n’y parvient pas tout seul ! Arrêter d’écrire c’est comme arrêter de s’aimer (à en perdre le souffle et à s’en faire péter les boutons du corsage ou de la braguette, à n’en plus vouloir mourir), on n’y parvient pas tout seul non plus !
- Ohooh ! C’est comme ça que ça se passe dans ta p’tite tête, Vié ba Diamba ?
- Boye ! Et c’est la raison pour laquelle je n’ai pas pu me retenir d’écrire l’avenir et, parvenu au terme de mon histoire, de raconter joyeusement comment le peuple du Luabongo, enfin libéré, enfin venu à bout d’un système qui l’opprime et le contraint depuis si longtemps, a été pris d’un RIIIR fou, triomphal, jubilatoire, magique et dévoreur, emportant tout sur son passage : les sorciers, les « services » et les crapuleux !







[i]  Texte complété et remanié compte tenu, notamment, des points de vue et observations (parfois sanglants, cinglants ou péremptoires, souvent concordants et quelquefois contradictoires), des coups de pied balancés dans les mabindi (en-dessous de la table… Oh !, dans un malewa chicos des beaux quartiers de la capitale de la sorcellerie … Climatisé ! Avec des nappes blanches sur les tables !), des dits ou des non-dits  (à la sortie de la parcelle, au moment de la dispersion, juste avant de se quitter), des silences réprobateurs, sceptiques, rigolards ou approbateurs de Mopoie et Bangazegino, de Djuna (mon meilleur partenaire, mais aussi le plus exigeant), Pascal(e), Ekisa, Ya Nze et Ma-Marie, Jipé, Papa Léon, MJ, iFred, Papa Antoine, Vikotoré, Kool, Eké, Leto, Kiko, Kako, Petit et de plusieurs autres « quelques-uns proches »  … sur le beat, l’opportunité et la légitimité,  la langue, l’orthographe et « tout le reste » ! En espérant recevoir (sans l’avoir seulement sollicité) l’imprimatur ou le visa d’un mathématicien luabongais (celui-là même qui s’est permis de disputer le comte-prince-duc Otto von Bismarck à Arthur Rimbaud, alias Jean Baudry… ce Jean Baudry dont on a découvert en 2008 qu’il avait publié « Le rêve de Bismarck », un pamphlet anti-prussien, dans le journal Le progrès des Ardennes  du 25 novembre 1870), d’un conducteur de tram-saloon 83 et, surtout,  du neveu d’un oncle du village et du chauffeur d’un ministre…


[ii]  Expo : abrégé de « ex-Poto moyindo ». D'après la chanson « Nzila ya Ndolo » du musicien brazzavillois Antoine Moundanda (1954), laquelle commence par " Poto-Poto mboka monene, Solo Kinshasa Poto moyindo " (Poto-Poto est grand, mais Kinshasa est la métropole noire, l'Europe noire) et dans laquelle l'auteur met en garde contre les mirages de Kinshasa… pouvant mener à la prison coloniale de Ndolo !
Kinshasa, alias Lipopo, appelée aussi Kin-la-belle.
C’était il y a longtemps, tango ya ba Wendo…  quand Kinshasa était encore un « village » qui ne comptait guère plus de 300.000 habitants (contre près de 10 millions aujourd’hui), que Marie Louise Ngelebeya Mombila  (dite Maman Kanzaku) travaillait à la RCB et qu’Adu Elenga (un copain d’Antilope… Mbanda na ngai !) composait et chantait « Ata Ndele Mokili Ekobaluka »… et devait se cacher dans une armoire fantastique ou une pirogue aux propriétés magiques pour éviter d’être enfermé à la prison de  Ndolo… et finissait par échapper à la surveillance des indicateurs des « services » de la colonie (les anciens de la Force Publique : Mobutu, etc), se volatilisait et réapparaissait, quelques temps après, à Brazza, de l’autre côté du fleuve Luabongo, sain et sauf, libre.







Ndlr : Vous êtes perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/