Ne plus RIIIR ou ne plus écrire, c'est
comme...
- Hola querida, que te pasa ?
- Ne bouge plus, Douchka ! Viens ! N'avance plus ! Tais-toi ! Accélère ! Reste où tu es ! Retiens-toi ! Recule ! Fais ce que je te dis ! Approche ! Arrête ! Sors ! Rentre ! Reviens ! Laisse-toi aller ! Caresse-moi ! Reprends-toi ! Démarre ! Vas-y ! Lâche-toi ! Criiiie ! Stop ! Stooop !
arrêter de faire l'amour, on n'y parvient pas tout seul
Si bien que, parvenu au terme de mon histoire, je ne puis me retenir d’écrire
et d’annoncer l’avenir… et de me représenter la suite des événements en musique
et en couleurs… et de raconter joyeusement comment…
Le peuple du Luabongo,
enfin libéré, enfin venu à bout d’un système qui l’opprime et le contraint
depuis si longtemps, a été pris d’un RIIIR triomphal, jubilatoire,
magique et dévoreur, emportant tout sur son passage : les sorciers, les
« services » et les crapuleux !
(nouvelle, manifeste littéraire
et sommaire d’un buku en voie d’installation sur le Net[i])
Vié ba Diamba
Kinshasa, le 13 avril 2015 (version intégrale)
Le pitch :
Cette
supposée nouvelle racontant les aventures et mésaventures d’un supposé roman est,
en fait, le « sommaire » dudit roman, tout à la fois manifeste et
bilan… et une invitation à se
transporter à l’intérieur d’un projet littéraire encore inabouti, à suivre le
cheminement vers une issue toujours incertaine d’un buku intitulé
« Sorciers, services et crapuleux », à découvrir en six ou sept clics
comment le terroriste à la praline de la Châtellenie d’Awel, le poseur de questions
ou de bombes de première nécessité ou le franc-tireur à la catapulte des maquis
de l’Awoyo, remis aux normes éditoriales et réduit à la condition d’écrivain
usuel, s’est trouvé obligé de reprendre les commandes de son roman et de
provoquer la libération de ses « héros positifs », emprisonnés depuis
des années à l’Université de Makala en République autocratique du Luabongo et
comment tout ça n’aura, sans doute, servi à rien. Sauf si et jusqu’au jour où…
-----------------
I. Une fête troublée par un
attentat à la praline perpétré dans un hôtel particulier de la Châtellenie
d’Awel
(à propos des séquences de la série 1 de mon buku)
Je me suis laissé embringuer dans une histoire
qui souvent me dépasse, dont l'ampleur parfois m'effraie et dont je n'arrive
toujours pas à me dépêtrer.
De
quoi s’agit-il ?
Au
départ, rien d’autre que d’une aventure de hibou à oreilles de chat, une
saynète de concert-party (du genre de celles qu’on jouait chez les Popos, dans
les rues et les bars des villes de la côte, d’Accra à Porto-Novo, avec en
vedette Azé Kokovina, le visage peint tout en
blanc), un incident que je rapportais au premier chapitre d’un roman qui
se voulait onirique, gouailleur, burlesque et extravagant, rien d’autre qu’un
stupide « accident domestique » qui se serait produit lors d’une prétendue
fête d’anniversaire ou de bonana prétendument organisée par une prétendue
cantatrice dans un prétendu hôtel particulier d'une prétendue châtellenie
d'Awel.
Mais,
en réalité, derrière un simple fait divers apparemment déjanté
- Associer, dans une même histoire, une
cantatrice à grande visibilité, aimant se faire entendre à l’étranger et bien
connue des téléspectateurs, et un prélat du Saint-Office, agissant dans l’ombre
et cultivant le secret, c’est complètement loufoque, Vié ba Diamba ! Ça embrouille,
ça risque de décourager d’emblée les lecteurs …
- C’est une aventure de hibou à oreilles de chat, oh ! Il faut comprendre entre
les lignes ! Un niawu ne peut pas toujours être appelé un chat ! Le but n’est
pas d’embrouiller les gens… mais plutôt d’égarer les « services » ! Pour des
raisons de sécurité ! Mbwakela, ko ! Il faut tout à la fois se garder
des uns et se faire comprendre des autres ! C’est une question
d’ingrédients et de dosage ! Et ce n’est pas toujours facile !
se cachait un complot terroriste de grande ampleur consistant à
couvrir d’opprobre et de ridicule les sorciers, les « services » et
les crapuleux du Luabongo directement impliqués dans le maintien en détention
de Mopoie et de Bangazegino, deux prisonniers politiques, deux « héros
positifs », deux irréductibles résistants à l’arbitraire qui… Parce que leurs
propos avaient irrité la Haute Hiérarchie ? Parce qu’ils avaient mis
en cause le Sorcier en chef lui-même ? Parce qu’ils avaient critiqué l’Autorité
Morale (dont tous les tenanciers de pouvoir sorcier doivent impérativement « épouser
la vision »)?, avaient été
poursuivis par les « services », enlevés et arrêtés illégalement,
maltraités et torturés par des crapuleux et leurs instrumentistes, des jours
durant. Et qui avaient ensuite été jetés aux oubliettes à l’Université de
Makala en exécution de « lettres de cachet » (lesquelles avaient,
depuis lors, sans cesse été renouvelées par des juges obéissant à des ordres
militaires). Et qui s’y trouvaient encore emprisonnés aujourd’hui.
Les
« personnages détestables » visés par ce complot étaient les
responsables directs des persécutions dont mes deux amis faisaient
l’objet : La Malibran, surnommée Cibanda
par certains,
une « cantatrice bien connue de la Châtellenie d’Awel », une soprano du barreau qui
imposait sa voix à toute la sorcellerie et le général*** dont je tais le
nom… Pour l’instant !, un crapuleux avéré, un « prélat
inquisiteur du Saint-Office » qui poursuivait Mopoie et Bangazegino
d'une haine féroce, rageuse et personnelle, croissant à proportion de leur
résistance, de leur courage et de leur détermination.
Mon objectif était de couvrir ces détestables personnages d’opprobre et de
ridicule en les barbouillant de poto-poto et en les bombardant de cacas Molotov
et autres pralines offensives, fourrées au tangawisi, au pili-pili, à la peinture hydrophobe, à la bave de crapaud et au jus
de limace, à la boule puante et à la gélignite.
Mais
l’affaire a été mal goupillée et rien ne s'est passé comme prévu.
Seule La Malibran, diva de la Châtellenie d'Awel et soprano du barreau, a effectivement pu être
ciblée et atteinte. Et j’ai dû disparaître rapidement pour échapper à la folie
furieuse d’une cantatrice blessée dans son orgueil qui crachait un
feu d'enfer et cherchait rageusement des « capables-donc-coupables » à
punir ou des proies à dévorer.
Et je me suis retrouvé alors coincé dans une armoire où, à force d'attendre et
de tergiverser, mes pralines infamantes et déshonorantes sont devenues toutes
molles, se sont désactivées et m'ont fondu dans les doigts.
Bref,
on attend toujours de RIIIR ! Comment allais-je m’en sortir ?
II. Depuis les maquis de l’Awoyo,
avec une vue privilégiée sur la République autocratique du Luabongo
(à propos des séquences de la série 2 de mon buku)
Comment
je me suis tiré d’affaire ? J’ai fait appel aux talents secrets de
l’armoire dans laquelle je m’étais caché à la fin de la première série de mon buku, j’ai changé de siècle et de
continent, la Châtellenie d’Awel est devenue la République autocratique du
Luabongo, La Malibran s’est désormais produite directement au Luabongo où sa
voix s’est fait entendre dans cercles les plus sécuritaires du pouvoir sorcier (au
sein du Grand Conciliabule lui-même, où elle pratiquait son art en
collaboration étroite avec les « services » dépendant de la Haute
Hiérarchie et sous leur surveillance étroite et permanente) et j’ai trouvé
refuge dans les maquis de l'Awoyo, à Djaba, chez les Popos, au pays de mon
beau-père adoptif, Gougoui Kangni, d'où je disposais d'une vue privilégiée sur le
pays de Patrice-Emery Lumumba.
C’est
alors que ma praline est devenue mon roman lui-même : le roman comme moyen
de combattre le système sorcier, le roman comme arme de lutte contre la
crapulerie, le mensonge et la manipulation, l'arbitraire et la barbarie quand
tout le reste a échoué.
J’y
ai passé de très longs mois à Djaba.
J’y
ai mis au point ma nouvelle façon de romancer
-
Des séries de séquences autonomes baignant dans une sauce gluante à base de
gombo ou d'adémé…
- C’était particulièrement épicé, ça ? Sens interdit, Vié ? Zone
rouge ?
- Naaan, la sauce était liante et adoucissante… Même si j’y ajoutais parfois quelques
piments adjoema, pour décourager les Yovos et quelques autres maraudeurs…
Eheeh!
qualifiée
de « tonneau du villageois » par mon ami Kangni Alem, l’écrivain
dont la constitution physique et le RIIIR goguenard, jubilatoire et guerrier me
fait immanquablement penser à un autre vieux copain, Sombo Dibele Awanan.
J’y
ai également concocté une formule de diffusion un peu particulière :
diffusion par e-mails successifs, au fur et à mesure de leur
rédaction, de chacune des séquences de mon buku avec renvois
réguliers à une série de blogs préalablement postés et régulièrement mis à jour
et, particulièrement, à un « glossaire illustré ». Cette formule de
diffusion devait me permettre, croyais-je encore à l’époque, de répondre
à un certain nombre d’objections, telles que :
-
les livres, au Luabongo, ça vient surtout de l’étranger et leur contenu est souvent
suspect ou pour le moins « irrelevant » ;
- les livres, au Luabongo, ça n’est pas accessible à grand monde, ça coûte très
cher et la plupart des gens s’informent, s’instruisent et communiquent autrement :
par la radio ou la TV, via les rumeurs des marchés, des « trottoirs »
ou des « transports », les Balobi et les Tuba-Tuba ou encore par les
journaux étalés sur les trottoirs et, à présent, de plus en plus, par les SMS
et les réseaux sociaux, si bien que beaucoup d’entre eux ont perdu l’habitude
de bouquiner;
- une publication, ça met du temps à se mettre en route et ça ne permet pas d’agir
sur les événements au moment même où ils se produisent, de diffuser des écrits
« just in time » ou « à flux tendu », comme on disait à la Solvay Bruzouts School of Economics and Management;
- un écrit ça doit aussi pouvoir s’inscrire dans l’espace (les clouds ?) et
la durée, demeurer, rester accessible et s’entretenir (se corriger, se mettre à
jour), se transformer ou se détruire, disparaître ou se planquer au fin fond
d’un disque dur (comme la maladie de Chagas ?) pour des raisons de
sécurité, puis subitement refaire surface et retrouver de l’énergie et devenir même
extrêmement virulent lorsqu’une épidémie d’idées nouvelles est devenue nécessaire
à la désinhibition ou à la réactivation d’une population anesthésiée, plongée
en léthargie ou prise en otage par un système sorcier qui l’exploite, l’affame,
l’aliène, le « terrorise » ou la
« paternalise », se répartir dans le temps et se retransmettre, garder
la mémoire des Vieux et fabriquer des Petits de la nouvelle génération,
s’ouvrir et se découvrir par couches successives comme une poupée
gigogne ;
- et, enfin, la diffusion d’écrits en recourant à un système d’édition
traditionnel me rendrait tributaire du Tout-Puissant Marché et ne permettrait
pas de choisir mes cibles, de frapper les gens que je veux, avec les mots que
je veux et où je veux, là même où ils se cachent…
A
Djaba, dans l’attente impatiente de la libération, toujours reportée, de mes « héros
positifs » Mopoie et Bangazegino, j’ai occupé mon temps à combattre un
certain nombre de migraines, réputations toutes faites, jugements préconçus et allergies
chroniques, à m’exercer au tir à la catapulte… Schlag ! Schtonk !, et à tenter de répondre avec
verdeur et gaillardise… Mbata ! Likofi ! Double Patte ! Bolite ! Kamon !, à différentes questions de première
nécessité qui me prenaient la tête:
1. Une sorcellerie, c’est quoi ?
2.
Les sorciers sont-ils bons ou mauvais ?
3.
Qui est l’autre Rimbaud ? Un trafiquant d’armes et escroc, importateur
d’un stock de vieux fusils liégeois, complètement pourris, proposés à la
revente en Abyssinie comme bilokoss ou « occasions
d'Europe » ? Un commis de comptoir colonial ou commerçant de traite à
Aden ? Un « mundele madesu » et chicoteur à Harrar (reprochant à
un magasinier de lui avoir « manqué de respect ») ? Un ancien
mercenaire de la Koninklijk Nederlands-Indisch
Leger envoyé à la conquête de Kota Radja à la pointe nord de
l’île de Sumatra ? Parmi
tous les étonnants voyageurs venus d’Europe ou d’Amérique, Vicki Baum à
Bali serait-elle « moins pire » qu’Arthur Rimbaud au royaume d’Aceh ?
Serait-elle moins dommageable que l’« autre »
Rimbaud… celui-là même qui avait fui l’Europe des vieux parapets, comme beaucoup
d’autres jeunes Bulankos avides et désargentés du XIXème siècle, ventriers et
magouilleurs, enpestant l'aïl et l'oignon, partis « explorer »
ou « découvrir » le monde afin d’y faire fortune, rapidement et par
tous les moyens ?
- Rimbaud ne
disait-il pas que : « La vraie vie est ailleurs ! », Vié ba
Diamba ?
- Quel ailleurs? Celui qu’on peut s’imaginer dans le haschisch, l'opium et l’absinthe ? Ou celui qu’on
trouve sous les tropiques ou dans les mers du Sud : en Asie, en Afrique,
en Océanie et en Amérique latine ? Parmi des « indigènes peinturlurés »
qui « ne s’habillent pas pareil, pensent autrement et mangent
différemment »?
- C’était pour
une « noble cause », non ? Pour la science, la croissance ou le
progrès, non ? Pour la découverte
de la beauté du monde tel que créé par Dieu pour le bonheur de hommes de tous
les continents ?
- Ouais, pour s’approprier des animaux dits « sauvages » et
des œuvres dites « à l’abandon »
et les installer dans des zoos ou des musées des grandes capitales
coloniales ! Pour s’emparer de
nouveaux sons et de nouvelles formes susceptibles de régénérer des beaux-arts ramollis
et flagadas, se regardant le nombril ou courant derrière leur queue! Pour
installer dans de délicieux alcôves ou appartements de beaux métis ou des Vénus
noires capables de réveiller la libido paresseuse ou défaillante des dandys (et
qu’on recrache ensuite, une fois passés de mode, à qui on leur délivre un ordre
de quitter le territoire et qu’on renvoie au pays natal… ou, si le marché l’exige,
qu’on autorise à louer leur force de travail comme ouvriers d’usine ou
employé(e)s de maison, logés dans des caves ou des mansardes), ouais !
- Pour la « mise en valeur » de ressources et de territoires
« inexploités », non ? Pour favoriser l’épanouissement des peuples
« les plus pauvres » ou « les moins avancés », non? Pour leur
permettre d’accéder à l’économie de marché, les ouvrir à la modernité et coopérer à leur
« développement », comme on dit aujourd’hui, non ?
- Ata yo moko ! On a le droit de bien se marrer ?
- Pour la plus grande gloire de Dieu, non ? Pour promouvoir les valeurs de la
« civilisation occidentale» et assurer
la « propagation de la foi chrétienne », non ?
- On doit-on seulement pleurer ou peut-on devenir enragé ?
- Pour « lutter contre l’esclavagisme », non ?
- Ouais, bien sûr, pour lutter contre les différents maux (les mouvements de
résistance populaire, l’esclavagisme, la
trypanosomiase) qui ravageaient les troupeaux humains et risquaient de porter atteinte
aux intérêts des négriers de Nantes ou de Birmingham devenus planteurs ou
exploitants miniers et qui avaient besoin de travailleurs forcés sur
place, ouais !
- Pour la
patrie, la Reine, l’Empereur ou Roi, non ?
- Pour la chasse
au trésor, très certainement ! Pour la rapine, la flibuste et le racket, bien
sûr! Pour le pognon, le fric, le flouze ou le lar, absolument !
4.
La chose commerciale et financière a-t-elle définitivement supplanté la chose
publique ? Le Tout-Puissant Marché considère-t-il les tenanciers du
pouvoir sorcier (à savoir la caste… Une clique mafieuse ou
« familiale » plutôt qu’une véritable classe sociale !, de
prétendus « bourgeois » prétendument « nationaux » qui
se sont appropriés actuellement la chose publique au Luabongo) comme une
« bande de péquenots rapaces et sans ambitions, de villageois âpres et
ringards, de minables dealers de banlieue » ? Mais le peuple du Luabongo,
pour seulement survivre, ne doit-il pas lutter sur tous les fronts : non
seulement contre le système sorcier mais aussi contre le Tout-Puissant
Marché ?
5. Pourquoi ma femme mariée (alias Mwana Danzé, alias Motema Magique) est-elle
la personne la plus rare au monde ? (parce je n'existe qu'en un seul
exemplaire, ducon !) Et pourquoi m'en veut-elle de ne jamais lui avoir
écrit « Fantasia chez les ploucs » ? (c'était plutôt "Aux
urnes les ploucs" qui nous avait bien fait marrer, m’gamin !)
6.
1. Quelle pensée politique les gourous et philosophes-conseils Xénophon,
Aristote, Nicolas Machiavel, Thomas Hobbes, Algernon Sidney, Baruch Spinola, John Locke, Montesquieu, Voltaire,
Denis Diderot, Jef Van Bilsen ou Thomas Piketty (… et même les « dieux
descendus sur la terre » : le Bouddha, Jésus de Nazareth ou le Nelson Mandela
« vieux sage de l’Afrique » d’après la fin du régime
d’apartheid ?) ont-ils en commun ? Quel message politique ont-ils
entrepris de faire passer aux autocrates de tous les temps, de toutes les
sorcelleries et de tous les continents ? Ne leur faisaient-ils pas
comprendre qu’il faut parfois « lâcher du lest » ou donner du
grain aux poules lorsqu’elles se mutinent ? Ne les invitaient-ils pas,
pour faire baisser la tension, à augmenter le nombre de compétiteurs admis à prendre
place devant une auge bien remplie et à se rassasier de la chose
publique ? Ne leur suggéraient-ils pas de créer de nouvelles prébendes, de
nouvelles « provinces » et de nouveaux postes à pourvoir et d’ouvrir
plus largement l'accès à la mangeoire publique à de nouvelles catégories d’acteurs
économiques et sociaux ? Et…
- Au peuple, aux travailleurs ?
- Tu veux rire, Vié ba Diamba ? Quel peuple ?
- Les « autres » ! Tous ceux qui ne sont pas hommes ou femmes d’affaires,
banquiers d’affaires, avocats d’affaires, secrétaires généraux et autres hauts
fonctionnaires de l’administration, administrateurs des « services »,
officiers généraux de l’armée ou de la police, APCA, PCA, ADG, DG, ADGa, DGa
d’établissements publics ou d’entreprises du portefeuille de l’Etat transformées
en société anonymes (ainsi l’ex-Onatra, devenue la SCPT et escomptant ainsi être
admise au bénéfice d’une assistance financière de la Banque mondiale, dans le
cadre du PTM, moyennent la mise en place d’un PPP), recteurs ou professeurs-docteurs,
ingénieurs ou architectes en charge de grands travaux, médecins-directeurs de
cliniques privées ou directeurs d’établissements d’enseignement à droit d’inscription
élevé, rois et grands chefs, bami, mulopwe ou bokulaka, ministres du culte, évêques ou archevêques,
bishops, apôtres, pasteurs de père en fils, représentants légaux, « autorités morales » ou « présidents-fondateurs » d’églises, de clubs de football ou de partis politiques...sans oublier, évidemment, les prophètes et bienfaiteurs de la population souffrante (de quoi souffre le peuple ? de la diarrhée, de la blennoragie, de l'ulcère de Buruli communément appelé mbasu, de la conjoncture ? un seul remède à ces maux récurrents...
- L'huile de serpent ? L'élixir du docteur Doxey ?
- Meuuunon ! Le Jus Révélé du prophète Khonde Mpolo, fondateur et père spirituel de l'Eglise Libota na Nzambe... un remède qui permet de ne pas recourir à l'excision chirurgicale, à la greffe cutanée ou à des antibiotiques coûteux, eh !)...
- Waooow ! Mais, dis-moi, quel peuple encore, Vié ba Diamba? Quels autres aussi ?
- Tous ceux qui ne sont pas des « bourgeois »,
qui ne se considèrent pas comme des « patrons », qui n’ont pas
vocation à devenir des « moprezo », des « excellences » ou des
« honorables » et qui ne se font pas passer pour de « bons Samaritains »
se portant au secours de « personnes marginalisées » et n’annoncent pas, par voie de presse, avoir « défié le mauvais état de
la route à Malueka » et avoir « partagé des moments émouvants», au
quartier Don Bosco, avec un dénommé Nestor qui «passe la nuit à la belle
étoile » et qui « malgré son état physique exerce son métier de
cordonnier pour subvenir à ses quelques besoins » et ne font pas non plus
savoir aux lecteurs d’un grand quotidien qu’ils ont remis à Nestor et à quelques autres personnes
handicapées un lot de « produits de première nécessité comprenant du savon,
du lait, des biscuits vitaminés, du sucre et du détergent » ! Les
autres, quoi ! Tous les autres !
- Tu rigoles ? Ozokosa batu !
6.2. Et quel mérite reconnaitre à ces « féticheurs de la cour »
(John Locke, Montesquieu, Voltaire, Denis Diderot, Jef Van Bilsen, etc…) qui
ont toujours su où allaient leurs intérêts et qui se sont portés au
secours de systèmes sorciers en capilotade ou en perdition (les tyrannies, les monarchies
absolues, l’esclavagisme, le colonialisme, le capitalisme ou le néo-libéralisme,
les nouvelles bourgeoisies « compradores » autoproclamées « nationales »)
auxquels ces consultants et experts de haut niveau appartenaient en profondeur, dont ils tiraient
le plus grand profit et qu’ils n’envisageaient certainement pas de détruire
mais dont ils tentaient plutôt d'assurer la survie moyennant quelques
accommodations ?
7. Que font deux rapaces qui se
disputent rageusement les derniers mètres d’intestins grêle d'une charogne et
qui se retrouvent bec à bec, fara-fara, les griffes sorties, les ailes en
bataille, les yeux exorbités ?
8. Un peuple a-t-il sa place dans une sorcellerie ?
- Quel peuple ? Tu veux rire, Vié ba Diamba ?
- Le peuple des gens qui travaillent ou qui doivent se démerder et vivent au
taux du jour ! Ceux qui ne tirent, en général, aucun profit du système
sorcier ! Tous les autres, quoi !
- Mais quels autres alors ? Qui donc ?
- Les agents de l’Etat et fonctionnaires, agents, techniciens et ouvriers en
uniforme de la Snel ou de la Regideso, les cadres moyens, secrétaires,
comptables et employés d’hôtels, d’agences de voyage, de banques ou de sociétés, les informaticiens et les
journalistes-quados, les interprètes de films nigérians sur différentes chaînes
TV, les speakerines et animatrices de radios, les gérantes ou vendeuses de boutiques
et caissières de superettes, les infirmières et les infirmiers, les diacres, les
professeurs et les instituteurs dont les maigres salaires sont
« complétés » par des contributions obligatoires des parents , les
percepteurs-taxateurs, contrôleurs-vérificateurs et commissionnaires en tous
genres, les catcheurs et les footballeurs, les installateurs de wifi et
placeurs de paraboles, les fossoyeurs et les éboueurs, les nettoyeurs de
caniveaux et les vidangeurs de fosses septiques, les agents chargés de la
désinsectisation des parcelles résidentielles, les porteurs et bagagistes, les
agents de sécurité et les gardiens de parkings, les portiers d’hôpitaux ou de
magasins, les « agents de l’ordre » et les
« roulages », les soda et les mbila, les retraités et les
démobilisés, les balayeurs masqués des rues asphaltées et des grands boulevards
(transformés en autoroutes urbaines) qu’empruntent les « hôtes de
marque » de la Haute Hiérarchie pour se rendre, sous escorte armée, de
l’aéroport international à leurs hôtels ou résidences au bord du fleuve, les
cuisiniers, lavandiers, nounous et chauffeurs particuliers, les sentinelles ou les
capitas-surveillants et les jardiniers (qui
n'ont pas le droit d'entrer à l'intérieur de la maison et doivent attendre à la
porte), les musiciens,
écrivains, cinéastes, peintres, bédéistes et sculpteurs, les photographes, les
acteurs de théâtre, les humoristes et les comédiens de séries télévisées, les
étudiants et les artistes qui s’interrogent sur l’avenir de leur pays, les
médecins sans matériel ni médicaments mais qui soignent quand même avec les
« moyens du bord », les chercheurs à petit budget mais qui ne
désespèrent jamais, les femmes ingénieurs qui ont conçu et réussi à imposer
leur robot-roulage, le pharmacien de Luozi qui, après le Niabète, a mis au
point trois autres "alicaments":
le Niatension (niakisa tension = baisser la tension artérielle), le Niaprostate
et le Bugastrite, les avocats
pénalistes et défenseurs des droits de l’homme, les activistes de
mouvements citoyens, de la Lucha (Lutte pour le Changement) ou du collectif Filimbi …
-
Tika !
- Les petits chefs coutumiers (chefs de
groupement, chefs de terre, chefs de clan, chefs de villages), les débroussailleurs
et cantonniers en charge des routes de desserte agricole, les coupeurs de
régimes de noix dans les palmeraies, les cueilleuses de thé ou de café dans les
plantations et les saigneurs d’hévéas de Tshela ou de Monkoto, les pêcheurs de
Moanda, de Kinkole ou de Maluku, de Bikoro, de Kisangani, de
Vitshumbi, de Kalemie
ou de Moba, les chasseurs
rebaptisés « braconniers » pour contenter une riche clientèle
d’écolo-vacanciers et d’excursionnistes des Nations unies (adorateurs de « la
nature sans les hommes » ou aficionados de safaris exotiques ou de
corridas tropicales), les tireurs de vin de palme et les distillatrices de
lotoko, les cultivatrices et éleveuses de chèvres, de poules ou de canards, les
fabricantes de kwanga et de mafuta ya mbila, les pisciculteurs, les apiculteurs
et les riziculteurs, les
horticulteurs et les pépiniéristes, les
maraîchères et les petits
exploitants agricoles, planteurs de champs d’arachides, de maïs ou de manioc et
de bananeraies familiales, les gardiens de troupeaux de vaches et les pasteurs nomades
appelés Mbororo, les fabricants de charbon de bois, les casseurs de pierres (des
hommes et, surtout, des femmes … tandis que les enfants s’occupent des
« graviers ») dans les carrières de Kinsuka, les orpailleurs-forçats et creuseurs de galeries dans les carrés
miniers, les agriculteurs de la savane et de la forêt dont les champs ont
été brûlés par l’acide et dont les étangs et les rivières ont été gravement pollués
ou qui ont été dépossédés de leurs terrains de culture par des entreprises en
tous genres, les « déplacés
internes » qui fuient les conflits fonciers et miniers, les « retournés »
de Brazzaville ou de Pointe-Noire…
- Tika, Vié, tu fais chier !
- Sans oublier les garagistes et mécaniciens, les menuisiers, charpentiers,
fabricants de meubles, matelassiers, ferronniers, briquetiers, maçons et
aides-maçons, carreleurs, peintres en bâtiment et plafonneurs, ajusteurs,
plombiers, électriciens, dépanneurs en informatique, réparateurs de téléphones
et de téléviseurs, réparateurs de frigos et de climatiseurs, les ouvriers des entreprises minières,
pétrolières, forestières, touristiques ou agro-industrielles, les ouvriers des chantiers navals, des
brasseries et des boulangeries, les portefaix des minoteries, des
chambres froides et des dépôts de ciment, les camionneurs conduisant des « dix
roues » ou des véhicules
à gros pneus appelés «Mandungu», les conducteurs de bulldozers et autres engins de chantier, les pompistes
et les taximen, les chauffeurs de bus, les cheminots, les capitaines et matelots
d’ITB, de MB, de baleinières, de pousseurs et de barges ou qui sillonnent le
fleuve, les lacs et les rivières du Luabongo, le personnel des bacs, les piroguiers
à rames ou à moteur, les conducteurs et receveurs de taxibus, les revendeurs de
petites coupures auxdits receveurs (qui sont toujours à court de monnaie à
remettre à leurs clients), les chargeurs de parkings, les tolekistes et les wewa,
les quados-réparateurs de pneus et de chambres à air et les réparateurs de
vélos et de chariots, les « poussateurs » ou tireurs de
pousse-pousse…
- Tika, ko ! Tu commences à déranger ! Tu vas t’attirer des
ennuis !
- Et aussi les cordonniers et les cireurs de chaussures, les couturiers, les coiffeurs,
tresseuses, bana vernis et placeurs de faux cils, les guérisseurs et les féticheurs,
les « Mokuna » ou les « Mort-Mort », préparateurs spirituels
de matchs du football, les commerçants à vélo ou à moto, les batu ya cyber, les
batu ya photocopieuse et les batu ya moulin, les vendeurs d’appareils
électroménagers au Zando ya munene ou au Marché de la Liberté, les vendeuses de pain, de mikate, de nguba
ya mobesu, de viande, de poisson, de
farine de manioc, de fruits et de légumes, de souliers et de mapapa, de
pantalons, de jeans, de chemisiers et de corsages, de tee-shirts et de chemises
neuves ou de tombola bwaka, de maputa et de mayi ya sika (et même de mabaya…
que des clientes de couturiers ne sont pas venues retirer), les vendeuses de pagnes de Brazza au
marché Magenya du beach Ngobila, les
fabricants d’enseignes, de cachets officiels ou privés, de documents d’identité
et de visas pour l’un ou l’autre nouveau lola : Dubaï, la Chine, l’Inde,
la Turquie ou l’Afrique du Sud, etc. les
vendeurs de makasu, d’aspirines et de racines aphrodisiaques à la sortie des
bars, les ligablistes, les tenancières et serveuses de nganda ou de malewa, les
serveuses des terrasses de Bandal ou du Boulevard Kimbuta à N’Djili, les vendeurs
de journaux et de cartes de téléphone prépayées (et de boissons énergétiques... supposées aphrodisiaques), les tenanciers da cabines (où les clients peuvent laisser leurs portables à la charge), les cambistes-bongolateurs,
les réparateurs de billets de banque usagés et les changeurs de « coupures de la mort » contre des
billets neufs ou en bon état, les shayeurs des terrasses, les vendeurs
ambulants dans les rues (avec porte-voix chinois), les bana mayi et les bana pétrole, les
« basalaka te » et les « bazangi mosala », tous ceux qui
« mangent du chocolat », les chômeurs sans diplôme et diplômés-chômeurs,
les femmes kadhafi de Binza Ozone qui s’installent au bord de la route et
revendent du carburant au détail, les kuluna reconvertis en katakata installés
à la sortie des chambres froides et qui découpent à la machette les
poulets, la viande ou les poissons surgelés, les glaneuses et fabricantes de
diata (fufu de dernière catégorie fait à partir de déchets
et d'épluchures de manioc), les revendeurs de « bottes » d’os
de poulet récupérés chez des fabricants de « charcuterie » à Kingabwa, les revendeurs d’eau potable (de 300 à 500 francs luabongais le bidon
de 25 litres) dans certains quartiers de Ngaba, de Mont-Ngafula ou d’ailleurs et
ceux qui mettent leurs toilettes privées à la disposition des commerçants et
clients du marché Gambela, les revendeurs de câbles électriques en cuivre de la
Snel ou de tuyaux et conduites de la Regideso, les coupeurs de routes et
gardiens de « barrières » sans ordre de service ni quittancier, les
kidnappeurs, braqueurs et égorgeurs « commandités » par des officiers
supérieurs ou généraux, des hommes politiques ou des commerçants, les agents des
sous-ciats qui deviennent maquereaux
et surveillants de parkings la nuit, les vendeurs de noix de diamba ou de
cigarettes « spéciales » déjà roulées, les passeurs d’eau qui portent
les gens sur leur dos, les pickpockets et les voleurs à l’arraché (au marché ou
en pleine rue, à moto), les contrebandiers de cassitérite de Walikale, les
Iveco qui ne fatiguent jamais (certaines d’entre elles ayant déjà commencé à
bosser sous le régime de Mobutu), les mingando du quartier Paka-Djuma à
Kingabwa, les anciens pensionnaires de la prison de Mbanza-Ngungu, morts de
malnutrition, de tuberculose, de mauvais traitements ou d’absence de soins,
dont les corps « traînent encore à la morgue depuis l’année
dernière » parce que « mbongo ezangi », les citadins dont les
maisons ont été englouties par des têtes d’érosion, les creuseurs qui ont été ensevelis
par un éboulement ou un glissement de terrain, les mpiakeurs qui doivent
s’évader de l’hôpital faute de pouvoir payer les factures de soins médicaux, les
babola…
-
Là, vraiment, tu exagères, Vié ba Diamba ! Tika kokosa batu ! Mpiaka eza mosala te !
Et mourir en prison non plus, ce n’est
pas un métier ! Et être victime d’une «catastrophe « naturelle » pas
davantage !
- Les petites 207 qui doivent effectuer un versement à leurs parents ou leurs
tuteurs tous les soirs, les bana matiti dont l’âge varie entre 10 et 15 ans, les
enfants à partir de 5 ans qui se collent
aux voitures et mendient en slalomant entre les véhicules…
- Mendier et se prostituer ne sont pas des métiers non plus ! Et, de toute
manière, le travail des enfants est formellement interdit par la loi ! Et
si tu continues à raconter n’importe quoi, on va te retirer l’autorisation
d’écrire, Vié ba Diamba ! La littérature n’excuse pas tout ! On pourrait
même t’arrêter !
J’y ai donc passé de très longs mois à Djaba
et j’y suis devenu un lecteur assidu et contraint de l’ensemble des ouvrages de
la bibliothèque-WC et galerie d'art (avec une œuvre unique, représentant
Gougoui assis sur un privé et disant ses matines) du gîte rural de
Nassogne. Mes lectures m’ont conduit à
mener de nombreuses et fructueuses investigations et je me suis posé ingénument
un certain nombre d’autres questions de première nécessité qui ne m’ont même
plus fait RIIIR :
9. Pourquoi le général*** a-t-il été fait général-major par la Haute Hiérarchie alors
que le capitaine Francis Blake (dont chacun sait qu'il travaillait également pour
les « services », ceux de Sa Majesté la Reine d'Angleterre), n'a
jamais été élevé à un grade supérieur ? En récompense de quels hauts faits crapuleux?
10. Comment le Tout-Puissant Marché envisage-t-il d’interdire aux paysans (qui ne sont pas une espèce protégée) de pratiquer toutes
sortes d’activités économiques, sociales et culturelles sur les terres
ancestrales de leurs communautés au motif que celles-ci, considérées comme incontrôlables
ou extravagantes, troublent la bonne ordonnance des parcs et des réserves
naturelles ou qu’elles risqueraient de compromettre la mise en oeuvre
d’importants projets touristiques, d’exploitation forestière, de prospection
pétrolière ou d’extraction minière ? Le Tout-Puissant Marché propose-t-il alors de prendre en charge le renforcement des
capacités d’intervention des forces armées et de la police et invite-t-il les sorciers, les « services » et les
crapuleux à contraindre les villageois… Ignares
et abrutis ! Fornicateurs,
fumeurs de chanvre et buveurs de lotoko !,
à utiliser des préservatifs, à planifier
leurs naissances et à « développer leur employabilité au service du
développement » ? Et sponsorise-t-il
différents programmes visant à faire entrer les paysans dans la modernité et à les amener à consommer de la viande de bœuf ou
du poulet en boîte de conserve métallique et du vin de palme de synthèse
vendu dans des bouteilles capsulées plutôt que de tendre des pièges odieux à de
merveilleuses gazelles bondissantes aux cornes en forme de lyre ou de traire, saigner
ou abattre des palmiers innocents ?
11.
Avec quels mots de réconfort pourrait-on faire comprendre aux membres d’une famille
éplorée que la crémation du cercueil en bois vernis, encaustiqué ou peinturluré
de couleurs coruscantes de leur cher défunt (ou défunte) risque de
provoquer un feu de cheminée ? Et qu’il faudra sans doute
le décaper ?
12.
A quel endroit précis de son corps commence la queue d’un serpent et à
quelle hauteur de son cou
guillotine-t-on une girafe ? Combien faut-il de fourmis magnans
pour transporter la dépouille mortelle d'un ver de terre de dix centimètres de
long ? Cela dépend-il de la longueur du ver de terre, de la distance à parcourir et de la
vitesse du convoi mortuaire ? Pourquoi n’existe-t-il pas de contes de fée pour animaux du village
ou de la ferme ?
13. La science, la religion et l’histoire ne cesseront-elles
jamais de nous inspirer ? Martin
Luther, théologien des princes et de l'ordre établi et mentor de Victor Nendaka, n’a-t-il pas en son temps préconisé
de pulvériser les « hordes de paysans » entrés en rébellion, de
« les étrangler, les saigner, en secret et en public, dès qu’on le peut,
comme on doit le faire avec des chiens fous » ? Et Léonard de Vinci, ingénieur en
armements (et responsable de la section
« Q » : inventeur des obus de mortier à gaz asphyxiants, etc)
et agent des « services » de César Borgia, n’a-t-il pas mené à bien
des recherches, révolutionnaires pour l’époque, sur le renforcement des
poisons, leur expérimentation dans les alcôves et les prisons de la sorcellerie
de son employeur et leur utilisation au service des intérêts supérieurs de la
Haute Hiérarchie ? Et n’a-t-il conçu un projet, tout aussi novateur, d’empoisonnement
de tous les pommiers, pruniers ou orangers plantés le long des routes
empruntées par l’ennemi… ou par les immigrés clandestins échoués sur les
pages du Sud et remontant vers les
villes du Nord ? Et Isaac Newton, prophétiseur et alchimiste de renom, n’est-il
pas parvenu, bien avant les astrologues de la NASA, à déterminer la position exacte de l’Enfer :
dans les comètes évidemment et non pas, comme d’aucuns le prétendent, dans
les bagnes, les carrés miniers et les bidonvilles de la République autocratique
du Luabongo?
14. Les emplois de la Mère Michel et de l’amie
de Pierrot (celle qui avait perdu son chat et celle qui n’avait plus de feu) seront-ils
restructurés ? Et ceux de Leuk le lièvre et de Goupil le renard
aussi ? Leurs personnages
seront-ils désormais interprétés par une
seule et même personne ? Au lieu de tuer le sapin chaque année, Hans-Christian
Andersen, les frères Grimm ou Charles Perrault seront-ils bientôt obligés d’écrire
des contes de Nowele en plastique ?
Et Birago Diop et Kama Sywor
Kamanda aussi ? Et Kangni Alem,
Sami Tchak, Yoka Lye Mudaba et In Koli Jean Bofane devront-ils se plier aux exigences du Tout-Puissant Marché d’une littérature
à présent mondialisée ? Achille Ngoye, Fiston Nasser Mwamba Mujila et
Bibish Mumbu aussi ?
15. Dans le monde entier, des gens cassent-ils du riz pour le revendre moins
cher… et s’ouvrir ainsi de nouveaux marchés ?
16. En sus des écumeurs ou fauteurs de guerres
miniers, pétroliers, gaziers, touristiques ou forestiers, une nouvelle variété
de prédateurs particulièrement voraces ne risque-t-elle pas d’envahir le
Luabongo et d’en ravager les villages, les champs, les savanes, le fleuve,
les lacs et les rivières : les chenilles processionnaires et les criquets
migrateurs de la mondialisation agro-alimentaire, à savoir non seulement les
groupes agro-industriels mais aussi les
financiers du Tout-Puissant Marché qui considèrent les denrées
alimentaires de base comme des produits d’investissement pouvant faire l’objet
de mouvements spéculatifs ?
17.
Les questions ou les bombes de première nécessité, quand on les chasse ou qu’on
leur coupe la tête, reviennent-elles au galop ou repoussent-elles instantanément…
et explosent-elles alors dans la gueule des gens ?
Rien
n'est arrivé de ce qui devait arriver et je me suis tapé une sacrée foutue
déprime qui a duré près d’un an.
D’une
part, les séquences de mon buku qui se voulait une « arme de réserve
contre la crapulerie » ont fait pschttt : j'ai dû les censurer et me
retenir de les diffuser pour ne pas mettre mes « héros
positifs » et leurs proches en danger.
D’autre
part, une loi d’amnistie a bien été votée mais « ils » ont refusé
d’en faire application à Mopoie et à Bangazegino.
- Ils ? Qui
c’est ?
- Ce sont eux : La Malibran, surnommée « Cibanda »
par certains (ce qui, d’après Djuna, mon correspondant, signifie « démon »
en ichibemba), le
général*** dont je tais toujours le nom… Pour l’instant !, et quelques autres
arthropodes particulièrement venimeux de l'ex-Agence nationale de
Documentation, réunis dans une conjuration de malfaiteurs !
Par
ailleurs, pour des raisons diverses, après y avoir posté quelques premières séquences
(moins d’une dizaine sur plus de cent) que j’avais écrites depuis les maquis de
l’Awoyo, je me suis trouvé dans l’impossibilité technique d’accéder
aux textes de nombreuses autres séries déjà installés sur internet et de
les entretenir, reprendre et mettre à jour.
De plus, toutes les notes… Et il y en avait en bas de toutes les pages !, de
mon manuscrit de base ont « disparu » si bien que je n’ai plus
été en mesure d’installer de nouveaux textes sur le Net à moins de les rendre publics dans l’état dans lequel ils se sont retrouvés (amputés ou tronqués méchamment). Ni d’activer le système de diffusion que
j’avais précédemment conçu et que j’avais commencé de mettre en place (à
savoir, notamment, les renvois à un « glossaire illustré »).
Enfin, le « nettoyage aradjical » de mon kimbalangbalang embogué de toutes
parts a entraîné la disparition presque complète de mon réseau d’adresses, ce
qui était absolument catastrophique compte tenu de la formule de diffusion que
j’avais retenue
Bref,
on attend toujours de RIIIR ! Et le
« plancher » du kikoso où je faisais mes ablutions s’est effondré et
je me suis retrouvé complètement dans la merde !
Comment
arracher mon roman de ces impasses, l’extraire des fondrières d’une piste
défoncée où s’est crashé (et sans doute pété les essieux, cassé les rotules ou broyé
les rognons), le dégager du poto-poto dans lesquels il patauge ou s’est embourbé ?
Comment vais-je m’en sortir ?
III. Huit mois au Luabongo… dans les
différents grands-duchés , duchés,
comtés, baronnies, villes franches, bourgs autonomes, quartiers et
groupements d’une République résolument autocratique
(à
propos des séquences de la série 3 de mon buku)
Comment
je me suis tiré d’affaire ? J’ai contourné le troupeau d’hippopotames
obèses et puant de la gueule qui me barrait la route.
J’ai
laissé tomber mes rêves tapageurs, les élucubrations fanfaresques, les farces
grossières et la relation d'événements « privés » qui n'intéressaient absolument personne… A tort, évidemment,
quoi qu’en pense Djuna, mon excellent partenaire ! Et schtonk dans son derrière ! Les
histoires des familles Osbourne, Simpson, Adams, Pfaff, Loiseau, Saxe-Cobourg
Gotha (les relations que Léopold Deux entretenait avec les banques et l’EIC… et
avec les maîtresses que l’argent des mains coupées, de l’ivoire et du caoutchouc,
lui a permis de gaver de grains du meilleur maïs dans chacun de ses poulaillers
royaux, à Paris comme à Bruzout, à Biarritz comme à Ostende : Agustina Otero
Iglesias, Émilie André, Céleste Mogador, Cléopâtre-Diane de Mérode, Blanche
Delacroix et tant d’autres), Eve et
Adam, Aminda Shatur et Jean-Bedel Mpiana (alias Papa Chéri) et Didi Kinuani (alias le « Fils du
Bandundu », l’« Homme sans concurrent », le « Maître de
tous les diamantaires » , le « Boss des Boss »,
l’ « Ami des Super Puissants Américains », l’ « Homme du
moment », l’ « Humaniste dans le vrai sens du mot », le
« Bienfaiteur des malades, des éprouvés et des creuseurs » et, par
ailleurs fervent
supporter de Werrason), Krjemelik et Lubava, Bill Clinton et Monica Lewinsky
(dont on m’a rapporté qu’elle aurait, à un certain moment, intégré le staff de
Tenke Fungurume… mais je n’ai jamais pu vérifier l’information), Nabilla
Benattia et Thomas Vergara, Jésus
de Nazareth et Marie-Madeleine, Vié ba Diamba et sa femme mariée, Vieux Ebola
et l’épouse de King Kester Emeneya, Kim Kardashian et Kanye West relèvent du
domaine public : elles intéressent
tout le monde !
J’ai
néanmoins pris l’option de changer de stratégie et d'écriture, de délaisser
pour un temps, les événements apparemment « personnels » et les questions
ou les bombes de première nécessité, les
tirs à la catapulte… Schlag !, les aventures de hibou à oreilles de chat
de même que la sauce gluante, liante et adoucissante à base de gombo ou d'adémé
des maquis de l’Awoyo et d’installer mon roman (devenu de moins en moins
onirique et de moins en moins farceur, de plus en plus incisif et de plus en
plus accusateur...) profondément et de plein pied, au Luabongo.
J’ai
donc pris la décision de placer la République autocratique du Luabongo en
observation, pendant huit mois, d’ouvrir une nouvelle série de séquences de mon
roman et d’y rendre compte de façon aussi exacte que possible de
l'insupportable, interminable et scandaleuse attente de la libération de Mopoie
et de Bangazegino et de l'état général de la sorcellerie et de ses
grands-duchés , duchés, comtés, baronnies, villes franches, bourgs
autonomes, quartiers et groupements dans lesquels la vie et la mort des gens
suivaient leur cours, au taux du jour, tandis que les sorciers, les
« services » et les crapuleux continuaient de vaquer à leurs affaires
et de se partager les dépouilles de la chose publique.
Et
d’y rendre compte aussi de l'incroyable esprit de survie et l'extraordinaire
ténacité de la population de la République autocratique du Luabongo, des
colères qui l'enflamment, des RIIIR qui la secouent, des solutions qu'elle
imagine et des luttes qu'elle ne cesse de mener.
Et
des battues aussi (les petits travaux, les débrouilles, les commissions, les
cops) que les mpiakeurs organisent chaque jour pour ramener quelque chose à la
maison. Et des kilomètres que certains d’entre eux parcourent à pied dans l’espoir
de rencontrer quelqu’un, un « bon Samaritain »…
- Nazangi transport…
- Nani wana ?
et de recevoir au moins 2000, 1500 ou 1000 francs luabongais…
- Ngai, Nestor ! Pesa ngai ata 500 ! Salisa nga ! 500 seulement !
Palado…
- Kamata ! Mpiaka eza libandi te !
et des kilomètres qu’ils parcourent encore, au retour, pour revenir à leur
palais.
(cliquez sur : http://ssc-03.blogspot.be/)
Mais
rien ne s'est passé comme prévu
Les
séquences de cette nouvelle série de mon buku, sans notes en bas de page ni
renvois mais relativement autosuffisantes, n'ont jamais pu être distillées
goutte à goutte comme une rumeur insidieuse ou un poison lent, ni être
diffusées tous azimuts par vagues successives ou en rafales pétaradantes, dans
le but d'obtenir la libération de Mopoie et de Bangazegino en couvrant
d'opprobre et de ridicule les crapuleux et
- Nini eza réellement sima ya makambo oyo?
leurs commanditaires. Elles
risquaient, en effet, de contrarier ou de compromettre de multiples démarches
familiales, politiques, judiciaires ou diplomatiques entamées et poursuivies,
de plusieurs côtés et à différents niveaux, en vue de la libération de mes
« héros positifs ».
Bref,
on attend toujours de RIIIR ! Comment vais-je m’en sortir ?
IV. Dans la
gueule du crapuleux : le soulèvement populaire, les « Trois
Sanglantes » des 19, 20 et 21 janvier… et la charge du
rhinocéros
(à
propos des séquences de la série 4 de mon buku)
Comment
je me suis tiré d’affaire ? J’ai décidé de devenir moi-même une praline
explosive et de me jeter dans la gueule du crapuleux
- Mais qu’est-ce que tu vas chercher encore,
Vié ba Diamba ? Tu veux quoi, fin des fins, on peut savoir ? Olingi
nini lisusu ? Qu’on t’arrête ?
- Evidemment ! Qu’on m’arrête et que ça pète ! Et que je
puisse enfin « parler littérature » et « art du roman »
avec un public intéressé et particulièrement attentif ! Et que je sois invité
à commenter mon buku, à en livrer les clefs (mais pas toutes) et à
l’interpréter, en long et en large et en travers, devant une commission mixte
sécuritaire, un aréopage de flics de tous les « services » ! Et
que je puisse rendre publics les noms des « personnages détestables» de
mon roman afin de les couvrir d’opprobre et de ridicule ! Tout en refusant, évidemment de livrer les
noms de mes « héros positifs » : il y en a tellement !
- Tellement ?
- Mopoie et Bangazegino, certes, mais aussi tous les autres prisonniers politiques !
Ils sont très nombreux, en effet, les hommes courageux et déterminés du Luabongo qui ont
été arrêtés, sous les prétextes les plus futiles et les plus fallacieux ou encore
dans le cadre de prétendus « complots » montés de toutes pièces par
les scénaristes des « services », pour avoir fait usage de leur liberté
et exercé leurs droits : la liberté de pensée, le droit de réfléchir à
l’avenir du pays, le droit d’avoir des opinions différentes de celles des
sorciers, le droit de les exprimer et de manifester publiquement contre un
système sorcier ! Leurs idées dérangeaient et, après avoir été tenus au secret
ou torturés dans des cachots inaccessibles à leurs proches et à leurs avocats,
ils se sont tous retrouvés à l’Université de Makala, jetés aux oubliettes !
Ils y sont chaque jour de plus en plus nombreux et, tous, bien résolus à résister à
l’arbitraire ! Tous embastillés à l’Université de Makala sauf ceux qui ont
disparu et ont été assassinés, ceux dont les corps ont été précipités dans les
rapides du fleuve ou qui ont enterrés furtivement, entre 2h et 4h du matin,
emballés dans des sacs en plastique et entassés les uns sur les autres, avec
les indigents et les mort-nés, au fond d’un charnier du cimetière de Mikonga ou
de Fula-Fula, et qui ont été glissés par les « services » parmi les
« personnes non-identifiées »
Mais,
de nouveau, rien ne s'est passé comme prévu.
Personne ne m'attendait à la sortie de l’avion en provenance de Djaba et de
Mélo, en République d’Awoyo : aucun prélat
du Saint-Office, aucun arthropode venimeux de l'ex-Service
d'action et de Renseignements Militaires ou de l'ex-Agence nationale
de Documentation. Les sorciers, les « services » et les
crapuleux ne se sont pas intéressés à moi, ils ont
« fait l'indif », m'ont complètement nié et ne m'ont même
pas ouvert la gueule. Le Grand Conciliabule a certes été remanié et La
Malibran, alias Cibanda, dont les
dernières prestations, particulièrement lamentables, avaient conduit à une
désaffection de la part la Haute Hiérarchie et des « services », a
sans doute été réduite au silence
- Pour ne pas avoir répondu aux attentes de la population ?
- Ata yo moko, Vié ba Diamba !
- Pour avoir crié trop fort, essayé de chanter en dehors de son
registre ou de sa partition ?
- Tu m’en diras tant ! De toute manière, ne t’inquiète pas pour elle, ces
gens-là se tiennent toujours et la diva de la Châtellenie d’Awel a été
rapidement recasée ! Elle pouvait encore servir (contribuer à enrichir les
siens et ceux de sa caste) ailleurs !
mais le sort de Mopoie et Bangazegino est resté inchangé. Si les sorciers
jouent quelquefois à la chaise musicale et changent de place entre eux, les
« services » demeurent. De nouveaux « mangéristes » ont été... Yiba na mayele kaka!, cooptés par les sorciers en place et on distingue à présent leurs petits yeux
porcins qui brillent de plaisir devant une auge bien remplie. La voix de La
Malibran a, quant à elle, été remplacée par celle de M'Bwate, un ténor du barreau ayant déjà
« servi » sous lerègne de Seskoul et dont on dit qu’il est plus « expérimenté »
mais le général*** et Ysengrin dont je continue de taire le nom… Pour l’instant !, sont
toujours en fonction et leur capacité de nuisance est demeurée intacte.
Rien ne s'est passé comme prévu, aussi, parce que le peuple du Luabongo
s’est levé. A Matonge et Kasa-Vubu, dans le périmètre compris entre les avenues
Kasa-Vubu, Enseignement, Ethiopie, Huileries, Gambela, Victoire et le Boulevard
Triomphal. Et aussi dans de nombreux quartiers des différents comtés de la
ville-duché d’Expo[ii] (alias Mboki, lokola "Mboka ya ba ndoki"). A
Kingabwa, à Lemba, à Matete, à N’Djili et à la place Victoire (où se sont
illustrés les bérets noirs qui exécutent toutes les missions officielles ou
privées que leur confie le général***), au Mont-Amba, au Mont-Ngafula, au
Rond-point Ngaba, à Makala, à Yolo-Ezo et à Mombele, sur Kapela, autour de
la 12ème Rue de Limete, du côté de l’avenue Assolongo à Bandalungwa,
à l’UPN, à Delvaux, à l’Ozone et dans de nombreuses autres duchés, villes
franches et bourgs autonomes du Luabongo. A Goma, à Kimpese, à Bukavu…
Après
ces « Trois Sanglantes » des 19, 20 et 21 janvier et la libération de
mes «héros positifs», Mopoie et Bangazegino, n’intervenant toujours pas, je me
suis trouvé dans l’obligation de marquer le coup.
Je
ne pouvais pas continuer de fermer ma gueule…
D’où
cet étouffe-chrétien de quelques 200 pages, intitulé « Huit mois au Luabongo »,
cette sauce que j’ai balancée d’un seul coup et diffusée à de nombreux « quelques-uns
proches », vers la mi-février 2015, cette ruade indigeste et
parfaitement inopérante, cette bordée dont je veux bien admettre aujourd’hui qu’elle
était aussi facile à esquiver ou à « passer », à l’aide d’une
muleta (ou de quelque autre faux-fuyant), qu’un rhinocéros fulminant.
Rien ne s'est déroulé comme prévu, enfin, parce que la diffusion
« one shot »
- Raconte-nous, ko ! Où es-tu dans l’exécution
de ton « projet littéraire »,
Vié ba Diamba ? Ça a donné quoi, au
fait, cette toute première fournée ?
- Sans effet !
de plusieurs séries et séquences de mon buku n’a produit aucun
résultat tangible. Les sorciers, les « services » et les crapuleux ne
se sont pas manifestés. Personne ne m’a intercepté, embastillé,
« soumis à la question » ou invité à donner mon point de vue ou ma
version des faits. Personne n’a voulu m’entendre sur PV. Personne n’a souhaité
que mes mots lui explosent dans la gueule. J’ai eu quelques « retours »
positifs de lecteurs (des Bana Lipopo, Boyomais, Lushois, Gomatraciens ou
Bomatraciens et aussi des Nzunzu et Bana Luabongo de France, de Suisse, du
Canada, de Suède, d’Allemagne ou de Belgique) mais, à l’exception de plusieurs
frères et sœurs résolument complices et sentinelles scrupuleuses de la
démocratie, « les autres » ont failli.
Les
autres, ce sont les quelques Bulankos sur lesquels je croyais pouvoir compter (au
nom des liens de solidarité qui, croyais-je naïvement, unissent dans le monde
entier tous les hommes et femmes partisans de la liberté, de l’égalité et de la
fraternité) pour rediffuser largement mon texte à l’extérieur du pays et
m’aider ainsi à « couvrir d’opprobre et de ridicule » le général***
et ses commanditaires, non seulement au plan national mais aussi au plan
international.
Les autres se sont généralement dérobés ou débinés ou m’ont carrément laissé
tomber :
- Ce n'est
pas simplement une affaire de respect des « droits humains », Vié ba
Diamba ! C'est une affaire « très sensible », une affaire
« délicate », une « affaire politique » dans laquelle la
Haute Hiérarchie elle-même serait impliquée !
- …
- Prends bien garde à toi, Vié ba Diamba ! Sois prudent ! Laisse agir les
avocats et les associations de défense des droits de l’homme, après tout c’est
leur boulot, non ? Take care, my friend !
- …
- Et puis, es-tu seulement sûr de l'innocence de ces gens-là ? Il
n'y a pas de fumée sans feu...
- …
- Et qui te dit qu’il n’y a pas une
« histoire de femmes », d’église ou de parcelle derrière tout ça ? Ou une
question de partage du pouvoir et de ses avantages ? Ou un problème de
pognon ou de rétro-commission ? On ne sait jamais, Vié ba Diamba !
- …
- Et d’ailleurs, ton bazar, c’est un déjà vieux dossier ! Cette affaire n’est plus
vraiment d’actualité ! Et la non-libération de prisonniers politiques bénéficiaires
de la loi d’amnistie ne constitue pas, à elle seule, un événement susceptible
d’intéresser les médias ! Par contre, si tu parvenais à te faire arrêter dans
de bonnes conditions, peut-être que…
- …
- Oui mais, franchement, les persécutions dont tes amis ont fait l’objet, ce ne
sont que des « broutilles » par rapport à tout ce qui se passe à
l’intérieur du Luabongo ! En Ituri, au Nord et au Sud-Kivu ou au Tanganyika,
par exemple ! Ou ailleurs dans le monde et
dans l’histoire ! En Syrie, en Irak, en Libye ou au Yémen, au nord du Mali
ou en Centrafrique, au Kenya ou au nord du Nigeria ! A Vanuatu, à Fukushima,
en Haïti, à Aceh, à New York, à Tchernobyl ou à Hiroshima ! Dans les
goulags staliniens et les camps d’extermination nazis ! A Saint-Pierre de
Martinique ou à Pompeï, que
sais-je ?
- …
- Et pour le reste, finalement, tes amis ont sans doute été torturés, plusieurs
jours durant, mais ils n’en ont pas gardé
de séquelles visibles, que l’on sache ! On exagère toujours ! Et
Mopoie et Bangazegino sont emprisonnés depuis des années, peut-être, mais ils sont
toujours en vie, non ? Ils ont été jetés aux oubliettes, certes, mais quoi
qu’on puisse penser de la légalité de leur arrestation, de leur condamnation et
de leur maintien en détention en dépit de la loi d’amnistie, ils n’ont, jusqu’à
présent, pas encore été enlevés nuitamment et exécutés en dehors de la ville par
les instrumentistes d’un lieutenant-commissaire de district Fievez, d’un commissaire
de police Soete, d’un administrateur de
la Sûreté Nendaka, d’un gouverneur Manzikala ou d’un colonel-procureur général
près la Cour d’Ordre Militaire-Alamba, non ? Ni même empoisonnés ou agressés
au couteau par des kapos manipulés par
les « services » ! Il faut relativiser ! On exagère
toujours !
Bref, les autres n’en ont rien à cirer, mon « projet littéraire
» les fait chier et m’ont fait comprendre
que je devais me démerder sans eux.
Ne disposant plus de mon carnet d’adresses habituel, lâché par plusieurs supposés
« grands amis du Luabongo », incapable d’atteindre les publics
que je ciblais et de provoquer ainsi un processus pouvant conduire la
libération de Mopoie et de Bangazegino, je me retrouve donc avec un
« projet littéraire » inabouti sur le dos !
Et mon « tonneau du villageois » ou ma caldérade sera
finalement devenu ce derrière quoi il ou elle se cachait : de la
lit-té-ra-tu-re !
-
Comment ça, Vié ba Diamba ? Sept bataillons d’écrits massés aux frontières
de la Toile et plusieurs compagnies de mots armés jusqu’aux dents qui
commencent à déferler sur le Net, ce n’est pourtant pas discret ! Les
« services » auraient dû s’en apercevoir, non ?
- C’est passé inaperçu !
- Et ça se termine comme ça, sans rien ? Sans même un procès en
diffamation ? Sans même que Vié ba Diamba soit attrait en
justice pour imputations dommageables ou manquement grave à la déontologie des
auteurs de romans historiques?
- Même pas ! Il aurait fallu que le général***et La Malibran (ou M'Bwate ou Shabbo ou Ysengrin) se
mouchent, ils s'en sont bien gardés !
- Aucune réaction ? Pas même une réplique cinglante de Tshaku, le sorcier régalien chargé
de la mobilisation, de la propagande et de l'animation politique et porte-parole du
Grand Conciliabule (et exerçant, ès qualités, les fonctions d’éducateur du peuple
et de coordinateur stratégique de la pensée-pâtée unique à l'usage des
ensorcelés) ? Le nouveau « Buka Lokuta » du Luabongo et son équipe de
journalistes-prostitués et d’écrivains-mercenaires n’ont pas encore « déjoué
la conspiration » et « dénoncé une main noire qui ne se cache plus et
qui s’active à déstabiliser les institutions du Luabongo », accusé Vié ba
Diamba d’appartenir à une organisation criminelle internationale et rabattu le
caquet à un agitateur de mots et montreur de pancartes et de calicots « en
mal de repositionnement littéraire » ?
- Non plus ! J’en suis à me demander si les sorciers, les
« services » et les crapuleux sont beaucoup plus subtils que je ne
les imaginais… ou s’ils sont seulement trop cons ? Superbement nié
par les flics, j’ai été zappé aussi par cet autre « personnage
détestable » qu’est le menteur public au service de l’Etat sorcier,
celui qui trahit et assassine Patrice-Emery Lumumba
tous les jours, en cochonne la mémoire et en
pervertit la pensée politique... Tshaku, alias "Buka Lokuta", en effet, le sorcier régalien chargé de l’agit-prop, ne m’a même pas
accusé d’être « un instructeur militaire préparant une insurrection populaire
pour le compte des Etats-Unis », oh !
Bref, on attend toujours de RIIIR et sans
doute vais-je devoir à nouveau me plier aux injonctions de l’un ou l’autre infâme
Boileau (cet écrivain servile, historiographe flagorneur et flic des belles-lettres qui était passé totalement à côté de
Saint-Amant, le rimeur crotté…) et remettre encore et encore et encore sur le
métier mon ouvrage?
Comment
vais-je m’en sortir ?
V. La libération de Mopoie et de Bangazegino
(à
propos des séquences de la série 5 de mon buku)
Comment je me suis tiré d’affaire ? J’ai décidé tout d’abord, mais
sans trop de conviction et avec une certaine lassitude, d’essayer de rattraper
la sauce, de retrouver ou de réécrire mes notes et mes textes disparus, de
reconstituer mon ancien carnet d’adresses et de l’élargir encore davantage, davantage,
davantage, davantage et encore davantage, de l’ouvrir à de nombreux nouveaux publics et
de repartir à zéro, de relancer sur le net une guérilla littéraire de longue
durée. Patiemment. Obstinément. Et ça prendra tout le temps qu’il faudra.
Harceler, picorer, picoter, piquer, percer, trouer, darder, cribler,
larder, banderiller, aiguillonner, éperonner. J’ai décidé de retourner en
arrière, de redevenir onirique, gouailleur, burlesque et extravagant, de
remettre en service mes aventures de hibou à oreilles de chat, de recommencer à
poser des bombes de première nécessité, de reprendre mes tirs à la catapulte… Schtonk !,
et de faire à nouveau mijoter au makala, sur un petit mbabula en fer
récupéré, ma sauce gluante, liante et adoucissante, à base de gombo ou d'adémé
des maquis de l’Awoyo !
- Fufu ya réemploi, Vié ba Diamba ?
- Teeeeeee ! Il ne s’agit pas de rebrousser chemin mais de relancer très activement
toute l’histoire ! De la reprendre depuis le début certes (depuis la fête
troublée par un attentat à la praline dans un hôtel particulier de la Châtellenie
d’Awel), mais aussi de tenir compte de tous les événements survenus
ultérieurement : les « mouvements citoyens », les rappeurs, blogueurs
et tweetos qui s’informent, s’expriment, communiquent, se mobilisent et
manifestent autrement, les nouvelles arrestations d’opposants et d’activistes
de droits de l’homme dont les noms, plus ou moins mal orthographiés,
circulent : Sylvain Saluseke, Fred Bauma, Yves
Makwambala, Deddy Kishimbi, DieuMerci…
Préoccupé par l’avenir du pays et de ses habitants, conscient de mes
responsabilités et comptable du sort de mes enfants, de mes koko et des
nombreux amis auxquels je dois énormément et qui n’admettraient pas que je les
trahisse ou que je les abandonne, j’ai décidé, en effet, de ne plus jamais
tergiverser, de ne plus jamais m’interdire ou me retenir de diffuser les
différentes séries et séquences de mon roman dont l’objectif n’a jamais cessé
d’être, à travers la relation des tribulations de Mopoie et Bangazegino, de
mettre à nu les mécanismes du système sorcier et les menées du Tout-Puissant
Marché en République autocratique du Luabongo et dans le reste du monde. Et
aussi, de façon plus particulière, de barbouiller de poto-poto deux personnages
particulièrement « exemplaires » en manière d’irrespect des droits de
l’homme et de l’Etat de droit : le général*** et La Malibran, alias Cibanda, qui sont les responsables directs, commanditent ou
couvrent de nombreuses et incessantes violations des
droits garantis aux particuliers, des enlèvements, des arrestations
arbitraires, des actes de torture et des détentions illégales. De les dénoncer,
de les démasquer et de les couvrir d’opprobre et de ridicule. Et d’espérer contribuer
ainsi à obtenir la relaxe de tous les prisonniers politiques emprisonnés
illégalement à l’Université de Makala du fait de ces « personnages
détestables » et de leurs semblables ou remplaçants, clones ou continuateurs.
Tous les prisonniers politiques, à savoir non seulement les anciens détenus, les
« oubliés » ou les « exclus de l’amnistie », mais aussi les
nouveaux captifs et leurs futurs compagnons : matraqués, dispersés et… Beta
bango ! Panza bango ! Kanga
bango ! Boma bango !, appréhendés ou enlevés et tenus au secret ou
même assassinés, par les corps habillés en bleu et en kaki de la police ou de
l’armée, les Bana Mura ou les agents des
« services » ayant reçu des sorciers régaliens et légataires en
charge de la sécurité (Shabbo et Ysengrin, particulièrement) l’instruction péremptoire de remettre les contestataires
à leur place, de faire taire les opinions critiques par tous les moyens et d’intimider tous ceux qui pourraient être tentés
de se lever contre l’arbitraire et l’autocratie et envisageraient de participer
à d’autres mouvements et manifestations de mécontentement populaire.
A
moins … J’rigooole ?, qu’il ne s’agisse de combler les « vides » laissés
dans les cellules des prisons et les différents cachots, plus ou moins clandestins,
par les récentes mesures d’amnistie sélective et pallier ainsi le manque à
gagner qui en résulterait pour les corps habillés et les matons (et les « comités »
de kapos désignés par eux…) dont chacun sait que les uns et les autres
rackettent les familles et vivent aux crochets des prisonniers.
Je décide ensuite, avec la plus grande fermeté, de régler, dès à présent, le problème de la libération de Mopoie et de
Bangazegino, de redevenir un écrivain normal-normal, de ne plus me
laisser porter par les événements, de me remettre aux commandes de mon roman et
-
Vont-ils enfin pouvoir bénéficier de l’amnistie, Vié ba Diamba ? Ou même
d’une « grâce » qui leur serait accordée par la Haute Hiérarchie?
- Naaaaan ! Ils ne veulent pas de « faveurs », ils ne réclament
rien d’autre que leurs droits ! Je vais
plutôt faire appel aux talents de l’armoire à évasions dont je m’étais déjà servi
lors de ma première aventure de hibou à
oreilles de chat ! Je vais soustraire mes « héros positifs » à
leurs bourreaux ! Par la magie des mots !
de déterminer moi-même la fin de mon histoire et de procéder moi-même à la libération
de mes personnages. De ma propre initiative. Unilatéralement et
inconditionnellement. Sans consulter personne. Ni mes «héros positifs», ni leurs
personnages proches. Sans demander l'avis des intéressés. Ni celui des familles
ou de leurs avocats. Ni celui des crapuleux et
- Nini eza réellement sima ya makambo oyo?
de leurs commanditaires.
En vertu des pouvoirs que me confère mon statut d’homme libre, égal et
solidaire, de juriste indépendant et d’écrivain sans maître ni cachet, je
décide donc de ne plus jamais laisser des « services » et des
crapuleux continuer de pourrir la vie de mes « héros positifs », de
leurs familles, de leurs collègues et de leurs voisins. Tout comme ils avaient
dans le temps, sous le régime de Mobutu, pourri la vie de mes amis André
N’Kanza Dolumingu, Matala Mukadi Tshiakatumba ou Muepu Muamba … Ce sont les
mêmes « services » et les mêmes crapuleries, quelle que soit la
configuration sorcière du pouvoir en place ! En matière d’irrespect des droits
de l’homme et de violation de l’Etat de droit, les systèmes sorciers se
ressemblent tous ! Et je décide donc que Mopoie et Bangazegino, sont
libres... A l'instant même !, comme ils n'ont jamais cessé de l'être dans leur
tête et dans leurs gestes, pendant toute la durée de leur emprisonnement à
l'Université de Makala, devenue une citadelle d’hommes affranchis et de pensée
libérée… si bien que ce lieu de détention célèbre a été rebaptisé par certains
« Université Libre de Makala »
J’exécute
donc sans délai ma décision de libérer Mopoie et Bangazegino et
j’accorde une autorisation de sortie temporaire à mon roman. Je lui ouvre ainsi
une issue provisoire qui me permettra de reprendre souffle avant de…
VI. Mais si mon roman coince encore (et
qu’on attend toujours de RIIIR !) quelle peut en être la cause et comment
vais-je enfin pouvoir me tirer
d’affaire ?
Est-ce la faute de la littérature : La littérature, c’est de la
merde ?
Ou est-ce l’histoire qui est en défaut, le scénario ou le casting qui laissent
à désirer : N’aurait-il pas fallu viser plus haut, remonter plus loin dans le
temps, prendre de la distance, aller plus en profondeur et poser la question de
savoir si, à part le Premier Ministre Patrice-Emery Lumumba, le peuple du Luabongo
a jamais pu choisir librement, de façon réellement démocratique et
transparente, non seulement ses propres dirigeants mais aussi :
A. Son mode de production :
Le peuple du Luabongo, libre de ses choix, aurait-il opté, hier, pour un capitalisme
sauvage, prédateur de ses ressources naturelles et tourné vers
l’exportation ? Envisagerait-il , aujourd’hui, la construction de nouveaux
et monstrueux Inga III, IV ou V(11 barrages et 6 centrales hydro-électriques
barrant à terme le fleuve Luabongo ?) qui devraient entraîner le
déplacement de plusieurs milliers de communautés ou villages et générerait des
dizaines de milliers de MW d’électricité (correspondant, dit-on, à deux fois la
production du barrage des Trois Gorges en Chine) destinés à être revendus à des
pays voisins ou proches (tels que l’Afrique du Sud) et, au niveau interne, à servir
prioritairement à l’exploitation des mines ? Ne privilégierait-il pas
plutôt, demain, la construction de multiples barrages de moindre capacité mais
répondant directement aux attentes des populations riveraines, la production d’énergie renouvelables au service
d’industries de transformation locales génératrices d’emplois, l’extension des
réseaux de distribution d’eau et d’électricité au bénéfice des tous les
habitants, non seulement des villes mais aussi des villages, la promotion d’une
agriculture sans pesticides, familiale ou de proximité et répondant aux
besoins des gens, le développement des
équipements collectifs, la réhabilitation et la construction de bâtiments adéquats
et le développement d’infrastructures (routières et ferroviaires, fluviales,
lacustres, maritimes, aériennes ou de télécommunication) devant faciliter
l’atteinte d’objectifs de santé pour tous, d’alimentation naturelle et
équilibrée pour tous, de travail digne et gratifiant pour tous, d’habitat
décent pour tous, d’éducation pour tous, de culture et de loisirs pour tous et
de promotion de valeurs partagées par tous ?
B. Sa culture, ses valeurs ou ses
loisirs :
Ferait-il
allégeance à Trace, à MTV, aux patates
frites, aux hamburgers et aux pizzas, aux produits éclaircissants, aux séries
américaines et aux émissions de télé-réalité ?
Accepterait-il
d’être transformé en consommateur accro
de produits importés et de valeurs fades (aussi insipides et indifférenciées
que le poisson, la viande et le poulet
des plateaux-repas servis dans les avions
intercontinentaux) et anesthésiantes que le Tout-Puissant Marché
véhicule dans le monde entier ? Et en supporteur fanatique d’équipes de
football des championnats espagnol, britannique, français ou
allemand ? Continuerait-il d’adorer des divinités et d’adhérer à des
cultes qui ont été imposés au Luabongo par les conquistadors léopoldiens à des
fins de « mobilisation, propagande et animation politique », de façon
à pouvoir, à travers des missions-oppidums installées dans tout le pays,
encadrer et contrôler les habitants de l’EIC, leur laver le cerveau et les mettre au service des compagnies à
charte, plantations, missions, commerces, mines et ateliers… et de la Force
Publique et autres « administrations territoriales » d’occupation et de
prédation coloniale, de contraintes fiscales, de cultures obligatoires et
de travaux forcés ?
C. Ses principes de vie en communauté :
Préconiserait-il
la recherche effrénée de l’enrichissement individuel ?
Prônerait-il
un « idéal » de « bonne gouvernance » et
d’ « amélioration du climat des affaires et des investissements »,
c'est-à-dire de rendement optimal des capitaux, au profit certes des
administrateurs et actionnaires des holdings pétroliers, miniers ou
industriels, des fonds de pension et des groupes financiers internationaux, des
banques telles que JP Morgan Chase ou Exim Bank et de leurs partenaires locaux, mais au détriment des intérêts d’une
population dont les conditions d’existence ne vont pas s’en trouver améliorées et
au préjudice de l’aspiration légitime de cette population à bénéficier de plus
de liberté au sein d’une société plus égalitaire et plus « fraternelle » ?
Contre l’esprit de lucre qui anime les tenanciers du pouvoir sorcier, le peuple
du Luabongo ne chercherait-il pas plutôt à faire prévaloir l’esprit de
solidarité et le sens du bien public et de l’intérêt collectif ? Serait-il
amené à régler ses désaccords à l’aide d’AK-47 ou de vieux fusils
liégeois, complètement pourris, revendus
comme bilokoss ou « occasions d'Europe » ?
D. Sa perception
des relations devant prévaloir entre les dirigeants d’un pays et sa propre
population, de même qu’avec les autres peuples du monde :
Réellement
indépendant, le peuple du Luabongo admettrait-il que ses dirigeants invoquent la
« défense de la
souveraineté nationale» pour s’exonérer d’accusations d’atteintes aux
droits de l’homme et de pillage des ressources naturelles du pays dénoncés…
Parfois à tort mais souvent à raison !, par des observateurs extérieurs ?
Et supporterait-il que ces nouveaux
colons contestent systématiquement tout
regard critique porté sur leur gestion de la chose publique et qu’ils adoptent,
pour ce faire, le même style de défense que les Buka Lokuta de Léopold Deux lorsque
ceux-ci démentaient avec suffisance et dédain les graves accusations portées
contre l’EIC par Roger Casement ou Edmund Morel ?
Libre
de ses choix et acteur de son destin, le peuple du Luabongo pourrait-il tolérer
longtemps que des néo-léopoldiens, des néo-coloniaux ou des néo-mobutistes osent
encore se réclamer du « nationalisme de
Lumumba » pour justifier leur repli identitaire (on sait combien les prédateurs
et les rapaces défendent âprement leurs prises ou leurs territoires et comment
ils se disputent rageusement… Les griffes sorties, la gueule menaçante,
les yeux exorbités !, les intestins
des proies qu’ils ont égorgées ou des charognes sur lesquelles ils se sont
abattus et dont ils se régalent avec obscénité, fureur et gloutonnerie) et légitimer
un déni de toute démocratie, politique, économique, sociale et culturelle, au
grand dam des véritables héritiers et perpétuateurs de la pensée politique de
Patrice-Emery Lumumba, cet ancien
Premier Ministre dont l’action visait, en priorité, à améliorer la vie quotidienne
de l’ensemble de la population du Luabongo et qui, par ailleurs, croyait fermement
aux valeurs du panafricanisme et en l’alliance fraternelle de tous les peuples
épris de liberté et d’égalité ?
N’aurait-il
pas fallu considérer en effet que, de Léopold Deux à nos jours, les dirigeants
du Luabongo dans ses frontières actuelles… La Haute Hiérarchie !, ont
toujours été des sorciers, qu’aucun d’entre eux n’a jamais reçu des habitants
de ce pays la mission de gérer leurs intérêts collectifs mais qu’ils se
sont tous emparés de la chose publique (par conquête coloniale ou coup d’Etat
militaire, auto-proclamation, auto-désignation à titre transitoire,
installation ou adoubement par des sorcelleries étrangères et le Tout-Puissant
Marché, etc.) et qu’ils se sont ensuite attachés à en conserver le contrôle,
à l’aide de « services » et de crapuleux, en recourant à la
force armée et à une justice aux ordres, sans consultation populaire ou
moyennant l’organisation en fanfare d’ élections bidouillées ou « boutiquées »,
en tenant des « réunions secrètes », en montant des « Sting
Operations » et notamment des opérations de « Targeted
Killing » (par empoisonnement, accident de voiture ou crash aérien,
accident vasculaire cérébral ou méningite fulgurante, refus de donner des soins
appropriés à des prisonniers politiques ou d’autoriser un transfert
médical à l’étranger, « assassinat
crapuleux » imputé à des kuluna ou à un « groupe armé
non-identifié ») et autres actions en marge de la loi.
Mais,
si tel est le cas, ne devrais-je pas admettre que les agissements mafieux du
genre… Des « broutilles » kaka ?, de ceux que je reproche à
mes deux « personnages détestables »,
le général*** dont je ne tairai plus indéfiniment le nom !, et La Malibran, surnommée Cibanda par certains, ne sont certainement pas de simples accidents de parcours
mais qu’ils sont inhérents à tout système sorcier, lequel est contraint
de les produire pour assurer sa perpétuation dans toutes ses
caractéristiques autocratiques : opacité des prises de décisions, gestion
sécuritaire de la chose publique opérée par des dirigeants autoproclamés ou
(mal) « élus » qui s’accrochent au pouvoir qu’ils se sont appropriés et
aux privilèges que celui-ci procure et dont le principal objectif est
l’enrichissement personnel (le leur et celui des membres de leur caste ou de
leur bande mafieuse) et la constitution de clientèles, sans Etat de droit ni
contrôle démocratique, sans prise en considération des attentes des paysans,
des travailleurs et des chômeurs, sans respect des droits de l’homme ni
protection sociale reconnue à la population… parce que « Nzambe akosala » et qu’il revient donc à
Dieu (loué soit son Nom ?) d’y pourvoir ?
Comment me tirer d’affaire ?
Mon roman ne trouvera-t-il jamais d’issue
définitive et restera-t-il inachevé aussi longtemps que le système
sorcier restera en place ?
- Toujours en activité, Vié ba Diamba ? Comme un
volcan ?
- Boye ! Il s'agira donc de le faire tomber !
Et ne faudrait-il pas alors que mon roman fasse sa part du boulot et qu’il contribue
non seulement à la neutralisation d’une Malibran ou d’un général*** mais
aussi à la disparition du système sorcier dans son ensemble et
qu’il participe à la démystification du Tout-Puissant Marché (banksters,
multinationales et marchés financiers) qui rôde aux alentours des villes et des
campagnes, des rivières et des lacs, des forêts et des mines du Luabongo comme
un vampire suceur de sang et dispute aux sorciers leur mainmise sur les
ressources du pays et sur ses habitants ?
Alors
seulement le peuple pourra RIIIR et faire la fête !
Comment
ça donc ?
Comme
ceci :
Tadam tadaaam ! Le peuple du Luabongo
s’est libéré et la fête bat son plein !
On
rit ! On rit ! On rit !
Kiekiekiekie !
Tozoseka ! Tokufi na koseka ! Panzi ekangami
biso ! On se marre et on s'esbaudit ! Kiekiekiekie ! On
est pris d'un RIIIR fou, extravagant, dévastateur, jubilatoire, inextinguible et contagieux ! Un RIIIR comme ceux de Kangni Alem et de Sombo Dibele Awanan ! Kiekiekiekie ! Kiekiekiekiekie ! Kiekie ! Un RIIIR comme ceux de mes vieux amis Charlie Huey,
Jamal Tahtah et Thérèse Mangot ! Kiekiekie ! Kiekiekiekiekie ! Un RIIIR impétueux et
fracassant dont la force soulève les rivières Mokali, Nsanga, N’Djili, Matete, Kalamu, Funa, Basoko, Bitshaku-Tshaku, Ndolo, Makelele, Lukunga et même la Gombe ou la Nsele
tandis que des volées de mangues trop mûres et des orages de cacas Molotov
s’abattent ou s’écrasent sur les toits des camps soda, des camps police et des
lieux de détention et de mise au secret où se pratique la torture et que les
agents des « services », les « Bana Mura » et les corps
habillés en bleu et en kaki s’égaillent et se mettent à courir dans tous les
sens et changent rapidement de vêtements comme s’ils étaient assaillis par des
abeilles ou des fourmis magnans et que les alarmes, les sirènes, les filimbi,
les gongs, les cornes et les tambours, les guitares, les trompettes, les
saxophones et les cloches des villages et des plantations, des magasins,
des mines et des usines, des écoles et des universités retentissent de tous
côtés ! Kiekiekiekie ! Un orage de liberté, d'égalité et de fraternité !
On s'offre une énorme
rigolade ! Kiekiekiekie ! On se paie une
terrible cuite de RIIIR sur fond de supu na tolo, de zododo ou d’alcools fruitiers, épicés
ou capiteux, tourbi-tourbi-tourbillonnants, amers ou chaleureux, de toutes les
couleurs et de tous les continents : colas du singe, paka-paka, jujubes et corossols, pili-pili
et adjoema, goyaves et grenades, litchis et « poilus », kiwis
et mangoustans, maracujas et jalapenos, piments d’Espelette et tomates
vertes de Valencia ! On se saoule, on se
blinde, on se bourre, on se poivre, on se poile, on se gondole, on se boyaute,
on se bidonne, on se dilate, on se fend, on s'étouffe, on s'ébouffe, on
s'épouffe, on s'esclaffe, on s'époumone !
Kiekiekiekie ! Tosubi na bilamba na koseka ! On se tape le cul par terre de RIIIR ! Comme
Robert Muteba Kidiaba, le gardien de but de
l’équipe des Léopards ! Comme Mopoie et Bangazegino ! Comme tous
les anciens prisonniers politiques de l’Université de Makala aujourd’hui
libérés ! On rit à en perdre la raison, à devenir chabraque ou à se
réveiller bimbim ! On se pète la rate, la gueule ou la tronche d'un RIIIR triomphal, libératoire, magique et dévoreur ! On glousse, on pisse,
on vesse, on pleure, on éjacule ! On tue ! On hurle et on explose ! On meurt ! Le peuple du Luabongo s’est libéré et la fête bat son plein ! Le
peuple de Luabongo s’est tiré d’affaire ! Résolument !
Courageusement ! Avec détermination ! ! Tout le monde rit et danse avec nous ! Kiekiekiekiekie !
Tokufi na koseka !
Excepté
les sorciers, les « services » et les crapuleux
POST-SCRIPTUM :
A propos de la littérature…
Ah
oui… J’allais oublier ! Palado !
Il est plus que temps de justifier le titre de cette nouvelle ou de ce sommaire
ou de ce manifeste ou de ce bilan… et de répondre à la première des deux
questions que je me posais tout à l’heure, celle de savoir si la littérature
c’est de la merde. Eh bien, ma réponse est la suivante : la littérature,
effectivement, est « artificieuse » et n’a jamais libéré personne, ni
détruit aucun système. Sans doute faut-il abandonner le roman et passer à
d’autres formes de lutte, de catch, de libanda ou d’écriture ? Sans doute (et
de plus en plus) les gens communiquent-ils, se mobilisent-ils et
manifestent-ils autrement et devrais-je apprendre à distiller quelques
mots bien saucés et bien piquants, de temps en temps, ici et là, par SMS ou sur
les réseaux sociaux que j’ai toujours snobés ?
Mais j’ai encore des doutes : des
haïkus de 140 ou 180 caractères seulement, c’est famélique ! C’est la
crise, le Fmi, l’austérité, la récession, le régime sans sel ni gras, la
paupérisation ! Je vais pouvoir m’y faire, m’y contraindre, tolérer ça ? Finis
les ligablos et les étals regorgeant de mots en tous genres et de toutes
provenances ? Finis les plateaux,
les brouettes, les malles-cantines, les pousse-pousse, les dix-roues ou les baleinières chargés de
mots qui se cherchent des clients ou qui sont servis « au choix du
lecteur » ? Finis les alias, les refrains et les rengaines, les
listings et les énumérations, les tautologies
et les pléonasmes, les redondances et les répétitions ? Trêve de pétarades et
de feux d’artifice ? Assez d’embouteillages et de bagarres entre mots
concurrents ? Assez de mots résolus (et quelquefois chanvrés ?) qui se
lancent à l’assaut des sorciers, des « services » et des crapuleux, lesquels
sont carrément devenus sourds et analphabètes et … Ata seraient-ils
« professeurs d’université » !, ne savent même plus lire entre
les lignes ? Adieu les mitraillages et les bombardements de mots, les orgues de
Staline et les grenades à fragmentation ? Je vais pouvoir supporter
ça ?
Je me tâte et
j’ai des doutes… mais l’idée commence à me tenter pourtant ! Pour ne pas
devenir ringard ? Pour ne pas être caricaturé comme un écrivain
électronique à l’ancienne, tributaire de technologies vieillottes : des
mails désuets renvoyant à des blogs obsolètes? Pour « développer mes
capacités d’intervention », reprendre l’offensive avec de nouvelles armes,
celle qu’utilisent les « djeuns », celles dont se servent les
activistes des mouvements citoyens : des SMS ou des BBM, des messages sur
Facebook, des tweeds, des notes vocales et des appels à résister et à se lever?
Mais il faudrait alors que Leto, Ekisa, Mboyo, Djuna ou Lianja me montrent
comment on fait, comment on lance une
plate-forme de partage et d’alerte ! Ou bien
l’un ou l’autre de mes koko : Sukina, Percy, Kako, Tensia, Maëlle, Loïle,
Nyssia ! Et même Kimya et, bientôt, Kemi ! Mais ma femme mariée (alias Muka,
alias Tantine Betena, alias Anaco, alias Jodi, alias Mèré, alias Merbal, alias
Ma tomate verte de Valencia qui rougit à partir du coeur) risque de ne pas vouloir…
- Tika, Vié ! A ton âge, tu ferais
mieux de te calmer et d’arrêter d’écrire, non ? Avec ta tête qui a perdu
son corps ou ton corps qui a perdu sa tête… On ne sait pas trop !, il ne
faut pas chercher à décrocher un
troisième mandat ! Arrête tes
salades qui n’aboutissent jamais à aucun résultat concret : t’as même pas
été capable de te faire arrêter par les « services » ! Mieux vaut
sans doute retourner à la case départ : à la Châtellenie d’Awel ! Une chaire de
bonimenteur et de motu ya songi-songi t’y
est réservée, m’a-t-on dit, dans les salons et boudoirs de la Résidence Van Oo, l’Hôtel-Dieu de la Châtellenie ! Tu t’y retrouveras comme un soso dans une sauce mwamba ou un malangwa
dans un liboke, comme une épaule de ngulu(accompagnée de nombreux autres ingrédients coquins) reposant dans une
terrine de Morteruelo, « fagoté
comme un lièvre sans os qui dort dans un pasté » écrirait ton copain Saint-Amant,
prêt à être dévoré par des bouches délicieuses, charmantes et distinguées ! Tu y retrouveras Jipéji, Diderot et Anne-Antoinette Champion… et
toutes les suivantes de cette première dame : Madeleine de Puisieux, Maman
Catherine Deux de Russie (portant des chapelets de gousses d’aïl autour du cou),
Maman Louise d'Epinay et sa copine Jeanne-Catherine Quinault (appelée Madame de
Maux du nom de son mari), Mademoiselle Jodin, Maman Madin, Marguerite Delamarre
et Suzanne Simonin…
- Ebele ya basi, oh !
- Et tant d’autres « oude mensen » qui aimeront que tu leur bonnisses des histoires
de hibou à oreilles de chat et que tu leur baises la main et que tu leur bâille
des boniments… Elles n’attendent que toi ! Elles sont prêtes à te faire la
fête ! Tu pourras leur raconter ta vie ! Elles sont prêtes à se faire
lire et à se laisser entendre n’importe quoi ! Même des romans
électroniques complètement surannés ! Elles adoreront te critiquer !
- Oui mais alors quoi ? On me chasse de l’écriture ?
- Eh oui ! Prends ta retraite et cherche à t’occuper ! Raconte ta vie
à d’autres sourds qui voudront bien t’entendre ! Ou deviens lecteur public
comme il existe des écrivains publics : à la demande des auditeurs ! Tu pourras ainsi,
si tu t’y prends bien, être invité à lire
tes propres écrits ! Et rencontrer enfin un autre lectorat ou un
autre auditoire : les kokobar de la Châtellenie d’Awel ! Et non plus
seulement les Ya Nze et les Ma-Marie, Eboma, Mère Anto, Mivé John, Apolosa, Vieux
Henri, Sinatra, Ma-Monique, Molok, Vieux Charles, Masta Zamba, Césarine,
Ajevedo, Vieux Roger ou Angwalima et autres anciens bills qui ne relèvent plus
les revers de leur veste et sont devenus, avec le temps, membres d’une Amicale/Expo parfaitement honorable ! Passe la main et laisse donc les
« djeuns » mener leurs combats et se servir de leurs armes, ils
feront ça bien mieux que toi ! Arrête d’écrire, tu commences à
abracadabrer!
- Arrêter d’écrire, c’est facile à dire, oh !
- Ce n’est pas plus difficile que d’arrêter de boire et de fumer ou de suivre
un régime sans gras ni sel, non ?
- Ecrire, c’est comme faire la guerre ou s’accoupler, on n’y parvient
pas tout seul ! Changer d’écriture aussi, c’est comme changer de position, d’inclinaison où d'angle de pénétration, c’est
tout pareil, on n’y parvient pas tout seul ! Arrêter d’écrire c’est comme arrêter
de s’aimer (à en perdre le souffle et à s’en faire péter les boutons du corsage
ou de la braguette, à n’en plus vouloir mourir), on n’y parvient pas tout seul
non plus !
- Ohooh ! C’est comme ça
que ça se passe dans ta p’tite tête, Vié ba Diamba ?
- Boye ! Et c’est la raison pour laquelle je n’ai pas pu me retenir d’écrire
l’avenir et, parvenu au terme de mon histoire, de raconter joyeusement comment le
peuple du Luabongo, enfin libéré, enfin venu à bout d’un système qui l’opprime
et le contraint depuis si longtemps, a été pris d’un RIIIR fou, triomphal,
jubilatoire, magique et dévoreur, emportant tout sur son passage : les
sorciers, les « services » et les crapuleux !
[i] Texte complété et remanié compte tenu,
notamment, des points de vue et observations (parfois sanglants, cinglants ou
péremptoires, souvent concordants et quelquefois contradictoires), des coups de
pied balancés dans les mabindi (en-dessous de la table… Oh !, dans un
malewa chicos des beaux quartiers de la capitale de la sorcellerie … Climatisé !
Avec des nappes blanches sur les tables !), des dits ou des non-dits (à la sortie de la parcelle, au moment de la
dispersion, juste avant de se quitter), des silences réprobateurs, sceptiques,
rigolards ou approbateurs de Mopoie et Bangazegino, de Djuna (mon meilleur
partenaire, mais aussi le plus exigeant), Pascal(e), Ekisa, Ya Nze et Ma-Marie,
Jipé, Papa Léon, MJ, iFred, Papa Antoine, Vikotoré, Kool, Eké, Leto, Kiko,
Kako, Petit et de plusieurs autres « quelques-uns proches » …
sur le beat, l’opportunité et la légitimité, la langue, l’orthographe et « tout le
reste » ! En espérant recevoir (sans l’avoir seulement sollicité)
l’imprimatur ou le visa d’un mathématicien luabongais (celui-là même qui s’est permis de disputer le
comte-prince-duc Otto von Bismarck à Arthur Rimbaud, alias Jean Baudry… ce Jean Baudry dont on a découvert en
2008 qu’il avait publié « Le rêve de Bismarck », un pamphlet
anti-prussien, dans le journal Le progrès
des Ardennes du 25 novembre 1870),
d’un conducteur de tram-saloon 83 et, surtout, du neveu d’un oncle du village et du
chauffeur d’un ministre…
[ii] Expo : abrégé de « ex-Poto moyindo ». D'après
la chanson « Nzila ya
Ndolo » du musicien brazzavillois Antoine Moundanda (1954), laquelle
commence par " Poto-Poto mboka monene, Solo Kinshasa Poto moyindo " (Poto-Poto est
grand, mais Kinshasa est la métropole noire, l'Europe noire) et dans laquelle
l'auteur met en garde contre les mirages de Kinshasa… pouvant mener à la prison coloniale de
Ndolo !
Kinshasa, alias Lipopo, appelée
aussi Kin-la-belle.
C’était il y a longtemps, tango ya ba Wendo…
quand Kinshasa était encore un « village » qui ne comptait
guère plus de 300.000 habitants (contre près de 10 millions aujourd’hui), que Marie Louise Ngelebeya Mombila (dite Maman Kanzaku) travaillait à la
RCB et qu’Adu Elenga (un copain d’Antilope… Mbanda na ngai !) composait
et chantait « Ata Ndele Mokili Ekobaluka »… et devait se cacher dans
une armoire fantastique ou une pirogue aux propriétés magiques pour éviter d’être
enfermé à la prison de Ndolo… et
finissait par échapper à la surveillance des indicateurs des
« services » de la colonie (les anciens de la Force Publique :
Mobutu, etc), se volatilisait et réapparaissait, quelques temps après, à
Brazza, de l’autre côté du fleuve Luabongo, sain et sauf, libre.
Ndlr : Vous êtes perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
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